"Faut bien le reconnaître, ce livre m'a énervé. Moi aussi, j'ai fait des polars : j'ai encore la série complète sur mon étagère ; je les donne presque tous pour avoir pondu les aventures du type qui se retrouve un matin dans un cimetière de San Francisco avec quatre noirs pleins de rasoirs autour de lui, une mère grondeuse qui l'accuse d'avoir tué son père à l'âge de quatre ans avec une balle en caoutchouc, qui possède en prime un cadavre dans le réfrigérateur et, dans la tête, suspendus, tous les jardins de Babylone, là même où Smith Smith, le plus grand joueur de base-ball de tous les temps, se bagarre contre les ombres-robots et les cristaux à mercure.
Big Brautigan" Claude Klotz, 1981.
" l'enfant du danube ", c'est béla, orphelin idéaliste et débrouillard livré à lui-même dans la hongrie des années 1920.
abandonné par sa mère dès sa naissance, c'est auprès d'une vieille prostituée qu'il ne tarde pas à découvrir la rudesse de la vie et les tourments de la faim. a quatorze ans, il quitte son village pour budapest : il n'a rien à perdre et peut-être sa mère l'y attend-t-elle. garçon d'hôtel exposé aux lumières et aux turpitudes de la capitale, il y fera alors l'apprentissage de l'amour et de la vie...
dans cette fresque émouvante et enlevée qui épouse le destin d'une nation meurtrie, on reconnaît aussi la jeunesse de jànos székely, qui, comme béla, vécut d'amour et de politique, d'espoirs fous et de rêves d'amérique.
" avec l'elu, chaïm potok a écrit un des plus beaux romans de ces dernières années.
ii faut lire une centaine de pages pour entrer dans la magie de cette communauté juive new-yorkaise où hassidiques et sionistes vivent ensemble et se détestent. a l'occasion d'un match de base-ball, deux adolescents exceptionnels des deux communautés vont devenir amis et surmonter les obstacles. tout y est : la tendresse du père, l'amitié plus forte que la mort, la connaissance source de vie. on se prend même à se passionner pour les querelles théologiques du talmud.
" le figaro.
" J'ai examiné des petits bouts de mon enfance.
Ce sont des morceaux d'une vie lointaine qui n'ont ni forme ni sens. Des choses qui se sont produites comme des poussières. " Quand ce recueil a paru aux États-Unis, Brautigan avait à peine plus de trente-cinq ans, parvenu " à mi-chemin ", au lieu et temps des bilans, peut-être, et des nostalgies. Aucun autre livre de Brautigan n'est aussi chargé du lyrisme des souvenirs d'enfance, ni aussi marqué de cette sereine fraîcheur, exempte de toute complaisance, dont il est toujours tant loué.
Ces soixante-deux courts textes, qu'on hésite à appeler nouvelles, sont autant de petites victoires sur les ruses du sort et du temps, et sur soi-même, une succession d'instants privilégiés où l'étrange impassibilité du conteur réalise l'alliance tranquille du malheur et de la blague, jusqu'à ce que telle révélation finale, en forme d'envoi, dissipe l'apparente légèreté du rien, une manière de réconciliation, enfin, avec ses propres amertumes, avec une société américaine en échec, avec l'absurde et le dérisoire de l'univers.
M. -C. A. , 1984.
Asher Lev est un jeune hassidim de Brooklyn. Dès l'enfance, Asher dessine comme il respire. Son père, totalement voué à la condition de son peuple, est consterné de voir son fils unique s'écarter d'une tradition religieuse héroïque pour se livrer aux sottises de l'Art. Heureusement pour Asher, le grand Rebbe qui dirige la vie de ses parents le comprend mieux qu'eux. Il le confie au célèbre peintre Jacob Kahn qui devient son maître. Asher travaille alors aux exigences académiques du peintre. Il peint des nus, des vierges, des crucifixions... tout ce que son père déteste et redoute. La rupture avec ses parents sera inévitable.
Un roman magistral qui relate la vie d'un petit juif de Brooklyn déchiré entre son aspiration à devenir un grand peintre et les traditions religieuses de sa communauté.
Après avoir dû démissionner de l'université de téhéran sous la pression des autorités iraniennes, azar nafisi a réuni chez elle clandestinement pendant près de deux ans sept de ses étudiantes pour découvrir de grandes oeuvres de la littérature occidentale.
Certaines de ces jeunes filles étaient issues de familles conservatrices et religieuses, d'autres venaient de milieux progressistes et laïcs ; plusieurs avaient même fait de la prison. cette expérience unique leur a permis à toutes, grâce à la lecture de lolita de nabokov ou de gatsby le magnifique de scott fitzgerald, de remettre en question la situation " révolutionnaire " de leur pays et de mesurer la primauté de l'imagination sur la privation de liberté.
Ce livre magnifique, souvent poignant, est le portrait brut et déchirant de la révolution islamique en iran.
A deux pas de Buckingham Palace, où les chiens sont mieux nourris que lui, Ripley Bogle, sdf irlandais de vingt et un ans, remâche les détails sordides et flamboyants de sa brève existence. La faim, la crasse et le froid sont ses seuls compagnons. Né à Belfast, d'une mère prostituée et d'un père chômeur, poivrot professionnel, Ripley manifeste des dons précoces : enfant surdoué puis tombeur notoire, il oscille constamment entre la déchéance et la gloire, les bas-fonds de Belfast et la prestigieuse université de Cambridge.
Ce premier roman d'un très jeune écrivain irlandais est à la fois un hymne lyrique à la ville et un acte de rébellion, un voyage au bout de la nuit londonienne et une grande aventure romanesque sur laquelle planent les ombres tutélaires de Charles Dickens et de George Orwell.
" L'apport de Tennessee Williams (1911-1983) au théâtre du XXe siècle est de toute première importance ; si ses pièces ont marqué notre répertoire, ce n'est pas tant par leur construction, d'une facture classique, d'une rigueur très racinienne, que par les thèmes abordés : jamais dramaturge n'avait conduit le spectateur si loin dans l'introspection douloureuse, l'analyse méticuleuse de la difficulté de sauvegarder son identité, de survivre en société, quand les autres sont à la fois si proches et si menaçants. " Eric Lamien, Page.
" nous vivons tous dans une maison en feu, et personne pour éteindre celui-ci, et pas la moindre issue, uniquement les fenêtres du dernier étage, par lesquelles regarder au-dehors, pendant que le feu consume la maison et nous-mêmes qui y sommes enfermés, pris au piège...
" ayant perdu le bon " usage " de l'amour et de la haine, les personnages de tennessee williams se débattent dans l'enfer des autres. parce que " la vérité est au fond d'un puits sans fond... " " personne aussi bien que williams ne sera parvenu à rendre présent jusqu'à l'indécence cet univers de désolation où même les rêves sont poisseux à force d'avoir trôné dans des cuisines mal tenues. " françois-olivier rousseau
A la mort de sa femme, Max décide de retourner aux Cèdres, propriété du bord de mer et maison de son enfance. Tiraillé par le chagrin, la colère et l'insondable douleur du deuil, il se réfugie dans le passé, pour " échapper au présent froid et à l'avenir encore plus froid ". Il y revit ces moments d'enfance, troublé et fasciné par la famille Grace : Constance, la mère séductrice ; Carlo, le père autocrate ; et puis les mystérieux jumeaux, Chloé et Myles, le garçon muet. II y revit aussi ce tragique événement qui marquera au fer rouge le reste de son existence... Booker Prize 2005, La Mer est un roman d'une beauté envoûtante, mélancolique et sensuelle, sur l'amour, la perte et le pouvoir de la mémoire.
On lui avait prédit qu'il y perdrait son âme. Asher Lev a écouté son coeur et il a fait son choix: celui de vivre sa passion, la peinture, quitte à abandonner la communauté juive hassidique de Brooklyn et les remontrances outrées de ses proches pour s'exiler en France. Mais vingt ans plus tard, de retour à New York pour l'enterrement de son oncle, il comprend soudain que le combat n'est pas terminé. Non seulement les rancoeurs ne sont pas éteintes, mais certains ont des projets pour lui. Asher Lev ne s'appartient pas, estiment les siens, car dans ses veines coule le sang de tous, trop précieux pour être abandonné à un destin profane. Entre les aspirations du peintre et celles de la communauté, c'est un nouveau bras de fer qui s'engage.
Henry Pulling, banquier à la retraite, amateur de poésie lyrique et de jardinage, mène une paisible existence dans sa petite maison de banlieue. Bien ancré dans ses habitudes, il refuse obstinément la moindre interférence dans le courant de sa vie de célibataire. C'est compter sans l'irruption de sa tante Augusta, une femme excentrique de soixante-dix ans, charmante et volage, qui décide d'ouvrir les yeux de son neveu sur un monde résolument autre. Et celui de tante Augusta est sans tabous ni limites, entourée qu'elle fut d'hommes surprenants comme le révérend d'une église pour chiens ou M. Visconti, le grand amour de sa vie. Les voilà donc partis dans un tourbillon de voyages qui leur réserve bien des surprises.
lee mellon est formel : son grand-père auguste était un fabuleux général, un extraordinaire guerrier ! seulement, le narrateur a beau vérifier dans des ouvrages historiques, il ne trouve aucune trace de cet aïeul.
mais ça ne fait rien, ils établiront tout de même leurs troupes à big sur ! richard brautigan se nourrit ici du mythe de la belliqueuse amérique qu'il renverse et implose joyeusement. " pas de morale, pas de philosophie, pas de
politique (agressivement présente) dans ce déferlement d'aventures où l'amour de l'amérique n'a pour limite que la critique de l'amérique. " pierre doumergues, le monde
mémoires sauvés du vent, poussières d'amérique : c'est le petit poème qui ponctue la remontée dans le temps du
narrateur de ce livre.
il a douze, treize ans à l'époque, il porte des tennis " fondues " à ses pieds et pêche de charmantes truites au bord d'un étang, fréquenté par des gens bizarres... et l'on découvre petit à petit, au fil d'un texte dont le lyrisme est aussi délicat que minimal, la puissance tragique d'un souvenir, grain par grain, comme une " poussière d'amérique " que balaie en douceur richard brautigan. " découvrir sur une table de librairie un livre de brautigan qu'on n'a pas lu, quand on aime
brautigan (et quand on aime brautigan, ce n'est jamais vaguement), c'est toujours du grand amour.
" philippe jaenada
Les récits qui composent « Démons et merveilles » sont autant de voyages fantastiques, hallucinants et angoissés à travers l'inconnu ; Kadath, la grande cité, le nécronomicon et autres êtres venus des temps anciens vous plongeront dans un monde fait de rêves et de réalités mêlées...
Bâtard de son état, le jeune lockhart flawse a reçu de son grand-père une étrange éducation.
Capable de lire l'ancien testament en ourdou, de réciter ses tables en latin, il est, à dix-huit ans, totalement ignorant des choses du sexe. aussi, lorsqu'il tombe amoureux, sa vie se transforme-t-elle en une farce cocasse.
Pour evelyne pieiller (le magazine littéraire) : " tom sharpe est un affreux. un pied nickelé punky, tendance iroquois, qui serait né du mariage contre nature d'une jane austen dopée à la bière brassée maison et de toute la bande des monty python en état de crise.
Il est teigneux, obsédé, épouvantablement grossier, c'est peu dire qu'il ne respecte dentelle, ni même dans l'arsenic. son genre de cinéma, ce serait plutôt... massacre à la tronçonneuse.
" cet écrivain-là n'est pas seulement un mystère - qui est-il ? d'où vient-il ? où va-t-il ? -, c'est un cas.
Un talent fou pour planter le décor, y faire vivre des personnages plus humains que nature et les mener - comme il mène le lecteur avec douceur, vers un destin surprenant à la fois improbable et si bêtement plausible... il lui suffit de onze nouvelles pour affirmer son univers littéraire : raconter des bouts de vie ordinaire dans des bleds de l'utah ou de l'arizona. comme chez raymond carver ou jim harrison, il y a de l'humilité dans l'écriture de brady udall.
" (martine laval, télérama) " brady udall a le sens de l'inattendu et de l'imprévisible, il surprend le lecteur en permanence par des tours et détours où la drôlerie et la compassion se mêlent étrangement. " (martine silber, le monde des livres)
" combien de temps onze punaises d'un collège baptiste peuvent-elles tenir dans un car arrêté en plein soleil par 40° à l'ombre ? " telle est la question que se pose shannon, lorsque le rideau s'ouvre sur le décor d'un hôtel miteux, le costa verde, frappé par la canicule mexicaine.
Révérend défroqué, larry shannon s'est reconverti dans l'animation de voyages touristiques. mais il se trouve que son groupe n'est pas prêt à accepter ses pratiques plus que douteuses et mensongères, d'autant qu'il a, comme à son habitude, cédé à la tentation de suborner une des innocentes jeunes filles dont il avait la garde. cherchant de l'aide auprès de la propriétaire (et amie) du costa verde pour faire entendre raison à ses troupes, le révérend vagabond va, le temps de quelques heures, se rendre coupable de nouveaux péchés.
Alors qu'il souffre depuis des mois d'une infection tenace, Jordi Soler décide de consulter la chamane de son enfance, dans la forêt mexicaine. De retour sur les ruines de ce qui fut jadis une plantation de café prospère fondée par son grand-père catalan, il se souvient de ces héros ordinaires qui rêvaient d'une Espagne idéale. Les cuites au mint-julep du vieil Arcadi, les agapes en l'honneur de Changó, les siestes de l'éléphant sur la terrasse, et Marianne, sa tante, une tigresse qui terrorisait la famille et battait sa soeur... Jordi Soler nous offre une fresque flamboyante, dans une jungle où la vie est vorace, et le poids de l'exil irrévocable.
Enceinte et secrètement mariée, Cheryl Anway griffonne sur un cahier d'écolier ce qui deviendra ses dernières volontés, juste avant que trois élèves, désaxés et déchaînés, mitraillent la cafétéria de son lycée. Quatre personnages dramatiquement touchés racontent alors leur histoire : Cheryl narre calmement sa propre mort ; Jason, le garçon dont tout le monde ignorait qu'il était son mari, encore dévasté par sa mort dix ans après ; Heather, la femme qui essaie d'aimer cet homme anéanti ; et enfin Reg, son père, que la rigidité religieuse a séparé de tous ceux qu'il aimait. Défiant les lois du temps, ce journal intime à quatre voix nous dévoile leurs vies brisées par l'excès de puritanisme et la violence extrême...
depuis quinze ans, imogen refuse de croire que son frère johnny est mort noyé.
depuis quinze ans, imogen pense qu'il a préféré partir pour échapper à la pesanteur asphyxiante d'une famille prisonnière de ses secrets et de ses mensonges. aujourd'hui, imogen est décidée à explorer son passé pour comprendre ce qui, à force de non-dits, de désirs inavouables, de violence contenue, a conduit à une tragédie...
En 1900, à vingt-huit ans à peine, l'écrivain américain Stephen Crane se meurt de la tuberculose au fin fond de la campagne anglaise. Sur son lit de mort, il souffle à sa dévouée compagne Cora, jadis tenancière du bordel Hotel de Dream, en Floride, les lignes de son ultime récit. « Le Garçon maquillé », ce roman dans le roman, retrace la relation d'un jeune prostitué rencontré quelques années plus tôt dans les bas-fonds new-yorkais avec Théodore, un banquier marié et petit-bourgeois, foudroyé par sa beauté. Jusqu'à ce que la passion commette ses ravages... Entre l'Angleterre et une clinique de la Forêt-Noire, Crane vit sa dernière chance de renouer avec ce récit abandonné, jugé trop licencieux par ses pairs. L'occasion de se replonger dans les méandres de son existence et d'achever l'oeuvre d'une vie.