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Amsterdam
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Marx écologiste ? L'opinion courante est que Marx et le marxisme se situent du côté d'une modernité prométhéenne, anthropocentrée, qui ne considère la nature que pour mieux la dominer et l'exploiter, selon une logique productiviste qui fut celle tant du capitalisme que du socialisme historiques. L'écologie, comme discipline scientifique et comme politique, aurait ainsi à se construire en rupture avec l'héritage marxiste ou, du moins, au mieux, en amendant considérablement celui-ci pour qu'il soit possible de lui adjoindre des préoccupations qui lui étaient fondamentalement étrangères. Qu'en est-il vraiment ? Dans Marx écologiste, John Bellamy Foster, textes à l'appui, montre que ces représentations constituent sinon une falsification, du moins une radicale distorsion de la réalité : des textes de jeunesse aux écrits de la maturité, inspirés par les travaux de Charles Darwin et de Justus von Liebig, le grand chimiste allemand, fondateur de l'agriculture industrielle, Marx n'a jamais cessé de penser ensemble l'histoire naturelle et l'histoire humaine. S'il faut aujourd'hui tirer de l'oubli la tradition marxiste et socialiste de l'écologie politique, c'est que la perspective marxienne en la matière a une actualité brûlante : une des questions les plus urgentes de l'heure n'est-elle pas de savoir si la crise écologique est soluble dans le capitalisme ?
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Deleuze et Guattari : Une philosophie des devenirs-révolutionnaires
Igor Krtolica
- Amsterdam
- L'emancipation En Question
- 15 Mars 2024
- 9782354802882
Ce livre est la première introduction générale en français à l'ensemble de la philosophie de Deleuze et Guattari, qui comme celle de Marx et Engels, doit être considérée dans son rapport à son contexte historique et politique. Jusqu'ici tantôt les études se sont intéressées à l'oeuvre du seul Deleuze ou du seul Guattari, tantôt elles se sont attachées à un aspect particulier de leur oeuvre, tantôt elles ont cherché à en proposer une analyse philosophique détachée des enjeux sociopolitiques de l'époque. Dans cet ouvrage, Igor Krtolica propose une analyse claire de l'ensemble de leur oeuvre pour montrer deux choses : qu'elle est en prise étroite sur la conjoncture politique, car elle analyse les nouvelles subjectivités qui émergent après-guerre et cristallisent dans les mouvements révolutionnaires de la fin des années 1960, comme les réactions contre-révolutionnaires qui les répriment et font craindre l'instauration d'un nouveau type de fascisme ; mais aussi que cette oeuvre a une prétention universelle, car les nombreux concepts qu'inventent Deleuze et Guattari remplissent une fonction intempestive, celle de saisir dans chaque présent historique ce qui recèle une puissance d'avenir et de devenir, formant ainsi une clinique des devenirs ou une médecine de la civilisation - avec une vigilance particulière pour ces moments critiques où se lèvent les devenirs-révolutionnaires, comme pour ceux où les choses risquent de mal tourner.
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Judith Butler opère dans Ces corps qui comptent une reformulation de ses vues sur le genre en répondant aux interprètes de son précédent livre, qui y voyaient l'expression d'un volontarisme (on pourrait «performer» son genre comme on joue un rôle au théâtre, on pourrait en changer comme de chemise) et d'un idéalisme (le genre ne serait qu'une pure construction culturelle ou discursive, il n'y aurait pas de réalité ou de substrat corporel derrière le genre). Selon l'auteure, la prise en compte de la matérialité des corps n'implique pas la saisie effective d'une réalité pure, naturelle, derrière le genre: le sexe est un présupposé nécessaire du genre, mais nous n'avons et n'aurons jamais accès au réel du sexe que médiatement, à travers nos schèmes culturels.
Autrement dit, le sexe, comme le genre, constitue une catégorie normative, une norme culturelle, donc historique, régissant la matérialisation du corps. Il importe dans cette perspective de souligner que le concept de matière a une histoire, et qu'en cette histoire sont sédimentés des discours sur la différence sexuelle.
Or, si certains corps (par exemple les corps blancs, mâles et hétérosexuels) sont valorisés par cette norme, d'autres (par exemple les corps lesbiens ou noirs) sont produits comme abjects, rejetés dans un dehors invivable parce qu'ils ne conforment pas aux normes.
A travers une reprise critique du concept foucaldien de «contrainte productive», J. Butler va, loin de tout volontarisme, s'efforcer de ressaisir la façon dont les corps, informés par des normes culturelles, peuvent défaire ces normes et devenir un lieu d'une puissance d'agir transformatrice. Cette réflexion sur la matérialité des corps et les limités discursives du sexe
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Les lumières radicales ; la philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité (1650-1750)
Jonathan irvine Israel
- Amsterdam
- 20 Novembre 2020
- 9782354802196
Dans cet ouvrage, à la fois synthèse encyclopédique et programme de recherche novateur, Jonathan Israel propose de réviser en profondeur notre représentation des Lumières et de la modernité : il nous invite tout d'abord à considérer comme un ensemble la période qui va de l'âge d'or du rationalisme classique au Siècle des Lumières, à ne pas limiter notre regard à la France et à l'Angleterre, autrement dit aux deux pays qui se disputent habituellement le rôle de centre géographique et historique des Lumières, mais à l'étendre à toute l'Europe, et à ne pas nous en tenir aux grandes figures qui peuplent le plus souvent le panthéon des manuels d'histoire et de philosophie ; surtout, il analyse les effets de l'onde de choc durable provoquée en Europe par l'oeuvre de Spinoza : pour Israel, pendant un siècle et demi, l'Europe a été travaillée en profondeur par le spectre du spinozisme. Le « spinozisme », cette constellation transeuropéenne de penseurs radicaux, a ainsi selon lui contribué de façon décisive, par son travail de sape des autorités établies, à définir de manière polémique la modernité qui est encore la nôtre. C'est donc une histoire alternative des origines de l'Europe contemporaine que nous donne à lire Jonathan Israel.
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Le démon de la politique
Etienne Balibar, Antonio Negri, Mario Tronti
- Amsterdam
- 19 Novembre 2021
- 9782354802387
En France, Mario Tronti est avant tout connu comme l'auteur d'Ouvriers et Capital. Désormais considéré comme un classique du marxisme international, ce livre a en effet produit une « révolution copernicienne » en faisant de la classe ouvrière et des luttes de classes le moteur du développement du capitalisme, et inauguré l'un des courants de pensée les plus originaux de l'après-guerre, l'opéraïsme italien. Le Démon de la politique est le premier ouvrage en français à proposer une introduction au parcours intellectuel de Tronti, à explorer les multiples facettes de la trajectoire théorique et militante de ce penseur pour qui le xxe siècle inaugure le « crépuscule » de la politique.
Conversation avec les philosophes Étienne Balibar et Antonio Negri, cet ouvrage nous invite à une méditation passionnée sur le destin et la vocation que représentent la politique pour celles et ceux qui, comme l'écrit Max Weber, sont possédés par son démon. Les interventions de ces trois figures majeures de la pensée critique contemporaine y dessinent une réflexion passionnante sur la nature de la politique et son avenir incertain. -
À la confluence de l'histoire de l'art, de l'esthétique, de la théorie littéraire et des cultural studies, une discipline proprement « inouïe » a vu le jour outre-Atlantique : les visual studies, dont W. J. T. Mitchell est l'un des principaux instigateurs. Avec Iconologie, il nous pousse à considérer que l'image participe de l'intégralité de la sphère sociale, empreint toute discipline, de la littérature aux sciences, et toute politique, de l'image-making des politiciens à leurs discours - de la « fabrication d'une certaine image » à « l'art de faire croire à la réalité de cette image », disait Hannah Arendt.
Mitchell interroge à la fois la force du discours porté sur les images ou instrumentalisant les images et la performativité de ces discours sur le visible. Ses relectures de Burke, Lessing ou Marx montrent que l'image est le siège d'un pouvoir spécifique, attisant les conflits entre iconophiles et iconoclastes : l'image se mue en fétiche, objet d'orgueil et de vénération, ou devient signe d'un « autre » racial, social ou sexuel, objet d'aversion et de peur.
À la recherche d'une théorie critique qui ne se satisferait pas des commodités de l'iconoclasme, Mitchell s'attelle à une déconstruction des idéologies de l'image, une déconstruction qui va jusqu'à reconsidérer l'idée même d'« idéologie ». D'autre part, si l'historicité du regard avait pu être prise en compte par l'histoire de l'art dès le xixe siècle, et si l'on ne saurait aujourd'hui faire l'impasse sur la construction sociale du regard, l'idée d'une construction visuelle de l'idéologie, de la philosophie, du langage et du social en son entier restait à formuler.
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Sagesse ou ignorance ? la question de Spinoza
Pierre Macherey
- Amsterdam
- 22 Novembre 2019
- 9782354802028
Sages et ignorants, quelques sages et beaucoup d'ignorants : le philosophe est confronté à la nécessité de prendre en compte cette différence, qui peut dégénérer en contradiction, et devenir une source de conflits au coeur desquels son entreprise se trouve inévitablement plongée. Parfois présenté comme un doctrinaire de la vérité pure, Spinoza est peut-être pourtant le philosophe qui a le plus fortement perçu le halo d'impureté dont la vérité à chaque fois s'entoure, ce dont il a entrepris de tirer toutes les conséquences. Comme le soutenait Deleuze, sa philosophie est en réalité avant tout « pratique », impliquée de part en part dans le mouvement des choses et de la vie, avec la prise de risques que cela suppose. Adopter le genre d'attitude propre à une philosophie pratique, c'est du même coup renoncer à délivrer des leçons de vérité assénées sous un horizon de certitude absolue.
Dans cet essai, Pierre Macherey s'empare de l'alternative posée par le philosophe entre sagesse et ignorance, où se croisent sans se confondre un certain nombre d'enjeux fondamentaux qui concernent l'ontologie (la puissance de la substance et la nécessité de la nature des choses), l'éthique (la bonne conduite de la vie et les satisfactions qu'elle procure) et la politique (la paix civile, conforme aux exigences de la raison et indispensable à son exercice). Car ce qu'il s'agit de déterminer, c'est si Spinoza est un conservateur, défenseur acharné de mesures sécuritaires destinées à contenir les fureurs de la foule ignorante, ou un révolutionnaire, partisan d'une transformation radicale de l'ordre social allant dans le sens d'une levée des contraintes qui en font un mode collectif d'asservissement et d'abêtissement pour la plupart de ceux qui y participent.
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La réification du désir ; pour un marxiste queer
Kevin Floyd
- Amsterdam
- 11 Octobre 2013
- 9782354801229
Dans La Réification du désir, Kevin Floyd se propose d'enfin réconcilier marxisme et théorie queer. Faisant dialoguer Butler et Foucault avec Lukacs et Marx, il invite les apports critiques de la théorie queer dans un champ marxien qui a souvent mis de côté les questions - « culturelles » - de sexualité et de genre, et, dans le même mouvement, tente de « matérialiser » des Queer studies qui semblent parfois opérer hors de toute détermination historique. Des textes de Herbert Marcuse à ceux de Fredric Jameson en passant par le film Midnight Cow-boy ou les mémoires de David Wojnarowicz, rédigés au moment de l'apparition du sida et de l'émergence du néolibéralisme, Kevin Floyd croise les références pour montrer que pour faire l'histoire du capitalisme et de l'industrialisation, on ne peut faire l'économie de l'histoire des sexualités et des rapports de genre - et inversement.
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Spinoza et les passions du social
Eva Debray, Frédéric Lordon, Kim Sang Ong-Can-Cung
- Amsterdam
- 8 Février 2019
- 9782354801663
Si la philosophie de Spinoza nous parle, c'est par son aptitude à s'emparer, sans aucun égard pour la distance dans le temps, des objets et des problèmes de notre monde, sa puissance de défaire nos manières ordinaires de les penser, et de nous les faire voir autrement. Les contributions réunies dans cet ouvrage ont pour but d'éprouver à nouveau cette puissance et d'en montrer l'actualité. Elles se proposent de le faire à partir du double point de vue qui considère, d'une part, que le social est le milieu de la vie des hommes et, d'autre part, que, de ce milieu, les passions sont l'élément. Les individus n'ont d'existence que sociale, et cette nature sociale consiste en une certaine organisation du jeu des affects. Les passions du social s'en trouvent alors repérables à tous les niveaux : celui de la constitution de l'individualité, de l'opération des institutions, ou des processus de l'histoire.
Ce recueil est donc par destination une contribution au dialogue de la philosophie (spinoziste) et des sciences sociales. Les secondes offrent les questions qu'elles ont construites à la première, qui leur rend sa manière singulière de les envisager voire de les reformuler. Et cette mise au travail de la pensée spinoziste poursuit par là même l'exploration de ce qu'elle peut.
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Le mot « critique » est aujourd'hui omniprésent en philosophie et en sciences sociales, mais quel est son contenu ? La vaste enquête entreprise par Stathis Kouvélakis, dont ce livre sur l'École de Francfort constitue le premier volet, voudrait clarifier les usages de ce terme et saisir ce qui s'y joue depuis Horkheimer dans les années 1930 jusqu'à Pierre Bourdieu et Judith Butler dans les années 2000.
L'auteur étudie ici de façon approfondie la trajectoire intellectuelle de trois auteurs, celle de Max Horkheimer, premier directeur de l'Institut de recherche sociale de Francfort, et de ses successeurs, Jürgen Habermas et Axel Honneth. Une question fondamentale le guide : comment un programme de recherche au départ conçu comme interne au matérialisme historique a-t-il pu s'en éloigner au point de devenir un simple accompagnement intellectuel de la démocratie libérale ouest-allemande ?
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La notion de postmodernisme n'a jamais véritablement fait irruption dans le débat théorique français.
Après l'acte fondateur lyotardien, et en grande partie à cause de lui, elle n'a plus guère servi que de simple marqueur culturel : une oeuvre, un édifice, un motif théorique se sont ainsi vu qualifiés de " postmodernes ", pour vanter, ou au contraire stigmatiser, leurs attributs formels ou leur propension au " relativisme ". Et la fin des grands récits " est devenue la formule magique censée exprimer la vérité de notre temps.
Pour mettre enfin un terme à ces usages stériles, Les Origines de la postmodernité retrace l'histoire de cette notion, depuis les milieux de l'avant-garde littéraire de l'Amérique hispanique dans les années 1920, jusqu'aux courants post-marxistes européens, avec Lyotard à Montréal en 1979, puis Habermas à Francfort en 1980. En 1982, à New York, Fredric Jameson lui fait subir une mutation fondamentale : désormais, le postmodernisme désignera l'hypothèse d'une rupture épochale.
Selon Perry Anderson, Jameson est ainsi celui qui a su montrer la cohérence globale de notre époque globalisée, dont la caractéristique majeure tient, selon lui, à la subordination tendancielle de la culture à la logique d'accumulation du capital. La sphère esthétique, par laquelle s'appréhende le monde, est ainsi, selon Jameson, massivement colonisée et aujourd'hui incapable de trouver l'espace dans lequel continuer d'exprimer une transgression ou de tendre vers une alternative.
Le postmodernisme, tel que le présente dans ce livre Perry Anderson, confine au système parfait, un système en mesure d'intégrer à la logique de sa perpétuation ses propres " dysfonctionnements ".
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Vous avez dit totalitarisme ? cinq interventions sur les més (usages) d'une notion
Slavoj Zizek
- Amsterdam
- Poche
- 22 Mai 2013
- 9782354801267
Dans ces essais foisonnants et décapants, slavoj zizek propose une réinterprétation vigoureuse du " siècle des totalitarismes ", du fonctionnement de l'etat stalinien, du système concentrationnaire nazi et, plus généralement, de la condition post-tragique qui est la nôtre.
Ces analyses s'appuient notamment sur les catégories élaborées par jacques lacan, dont l'emploi est ici clair et éclairant, et sur l'examen d'oeuvres de la culture populaire et classique (d'antigone à john woo, en passant par chostakovitch, hitchcock, james bond et spielberg). au terme de ces investigations, ce sont les usages politiques contemporains de la notion de totalitarisme qui se trouvent mis en question, ainsi que la possibilité de l'émergence d'une politique d'émancipation radicale : " la notion de totalitarisme a toujours été une notion idéologique au service de l'opération complexe visant à neutraliser les " radicaux libres ", à garantir l'hégémonie libérale-démocrate, et à dénoncer comme pendant ou double de la dictature fasciste de droite la critique de gauche de la démocratie libérale.
Loin d'être un concept valable, la notion de totalitarisme est une sorte de subterfuge théorique ; au lieu de nous donner les moyens de réfléchir, de nous contraindre à appréhender sous un jour nouveau la réalité historique qu'elle désigne, elle nous dispense de penser, et même nous empêche activement de le faire. ".
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Qu'est-ce qu'être sujet sous des normes ? Macherey rapporte cette question aux nouvelles structures de socialisation et d'exercice du pouvoir liées au développement, dans la seconde moitié du xviiie siècle, du machinisme et de la révolution industrielle, structures qui définissent encore la manière spécifique dont, en pratique, on devient sujet. Ces structures sont celles dont Marx a analysé la base économique dans Le Capital, et que Foucault, suivant une approche différente qui recoupe sur certains points celle de Marx, a pour sa part caractérisées en se servant du concept de « société de normes ». Elles correspondent à la mise en place de nouveaux modes de rationalisation caractérisés principalement par le fait qu'ils prennent pour cible non de l'effectif, mais du tendanciel, non du réel mais du possible. Le type de sujet approprié à ces structures est en conséquence un sujet potentiel identifié en fonction de qualifications qui lui sont attribuées sur la base d'une combinaison calculable de réel et de virtuel. La procédure de l'interpellation par l'idéologie théorisée par Althusser rendelle compte adéquatement de ce système ? En confrontant l'hypothèse avancée par Althusser aux analyses de Fanon et de Deligny sur la question de savoir ce que c'est, à présent, qu'être sujet, Pierre Macherey la conforte et l'enrichit, et donc reformule sur de nouvelles bases le concept d'idéologie, ce qui lui permet de caractériser les mécanismes idéologiques particuliers propres à une société de norme. Les essais ici rassemblés tentent d'apporter un éclairage à ces différents problèmes.
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Parallèlement aux formes classiques de l'affrontement, de la guerre, du massacre, sont apparues des violences structurelles liées à la réorganisation économique et politique de la vie des êtres humains. Un mouvement d'exterminisme généralisé se fait jour, qui instrumentalise et institutionnalise les catastrophes naturelles, et qui organise l'utilisation et la consommation intégrale des forces de travail, la mise à mort de populations entières.
Les exterminations des Arméniens, des Juifs, des Tsiganes, et la perspective d'une autodestruction de l'humanité (avec Hiroshima, le développement d'armes chimiques et les atteintes irréversibles portées à la biosphère) apparaissent ainsi comme des symptômes majeurs du XXe siècle, qu'aucune réflexion philosophique ne devrait négliger. Désormais, la violence ne s'intéresse plus seulement aux comportements des êtres ou à leurs représentations, mais à leur statut même de vivants, à leur simple présence.
Il ne s'agit ainsi plus simplement de cynisme et d'absence de préoccupation de l'avenir de la part des pouvoirs : ces formes nouvelles de violence entraînent une chosification systématique des êtres. La violence moderne est une violence naturalisée, rendue irreprésentable, réduite à une simple "gestion". L'être humain n'est plus seulement superflu ou surnuméraire. Confronté pour la première fois dans l'histoire à la transposition dans le champ politique de l'irreprésentable du réel, à des formes de violences qui tentent de s'imposer comme l'expression d'une nature inéluctable, il est devenu "jetable".
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L'égalité radicale ; Jacques Rancière et au-delà
Antonia Birnbaum
- Amsterdam
- 9 Novembre 2018
- 9782354801816
L'Égalité radicale n'est pas une monographie de plus consacrée à Jacques Rancière, ni même une monographie tout court, affligée des tares habituelles de ce type d'exercice - paraphrase, servilité, héroïsation de son sujet, etc. Ce livre remarquablement riche propose de repenser l'égalité dans la conjoncture présente, à partir du philosophe qui, dans Le Maître ignorant, en a proposé la formulation contemporaine la plus forte avec le postulat de l'égalité des intelligences.
Durant la période qui s'ouvre avec la publication de La Leçon d'Althusser (1974) et se clôt avec La Mésentente (1995), Rancière n'a en effet cessé de critiquer les discours intellectuels, de gauche ou de droite, qui expliquent, aux prolétaires en particulier, les raisons de l'impuissance et l'impossibilité d'en sortir. De la même façon, il a insisté sur l'émancipation comme désidentification, c'est-à-dire arrachement aux places sociales assignées, et sur le fait que la politique est non pas consensus, maître-mot d'une époque « post-idéologique », mais litige entre positions irréconciliables.
C'est sur ces idées qu'Antonia Birnbaum s'appuie pour penser avec Rancière, en dehors de lui et aussi contre lui :
Elle le confronte à Lacan, d'une part, et, d'autre part, à ses propres objets, Gauny et Jacotot, elle expose les distorsions qu'il fait subir à la pensée de Marx, révèle ses impensés (la violence, l'organisation politique), montre ce que les luttes des femmes font à sa pensée, souligne les apories d'une focalisation sur l'émancipation individuelle, croise le fer avec la « politique des identités »... Le but ? Refaire de la politique, avec « nos petits moyens ».
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L'Amérique de John Locke ; colonialisme et géopolitique de l'entendement
Matthieu Renault
- Amsterdam
- 21 Octobre 2014
- 9782354801427
Farouche adversaire de l'absolutisme, défenseur de la tolérance religieuse, père fondateur du libéralisme, John Locke (1632-1704) est une figure canonique de l'histoire de la pensée politique européenne. Il a forgé son oeuvre au coeur même des batailles politiques qui agitaient l'Angleterre de la fin du XVIIe siècle et qui menèrent à la Glorieuse Révolution de 1688.
Ce que l'on sait moins, c'est que Locke a également eu une très riche carrière coloniale au service de l'expansion anglaise en Amérique. Sa philosophie constitue le moment inaugural d'une histoire au cours de laquelle allaient être inextricablement noués libéralisme et colonialisme, construction étatique et formation impériale. Elle révèle également les relations intimes qui ont uni épistémologie et politique depuis la découverte du Nouveau Monde. L'Amérique de John Locke entend mettre en évidence l'émergence d'une géopolitique de la connaissance avec laquelle nous sommes encore loin d'avoir fini. -
La réédition de ce "classique" des théories critiques et du marxisme, dont la première édition remonte à 1978, s'inscrit dans les débats actuels concernant la crise du néolibéralisme, et du capitalisme en général. L'actualité de Poulantzas est grande en cette période. Le lire aujourd'hui permet de comprendre que la crise a des racines anciennes, dans la structure des sociétés occidentales de l'après-guerre. Plus la crise économique s'approfondit, affirme Poulantzas, et plus le système devient autoritaire au plan politique. C'est ce qu'il appelle l' "étatisme autoritaire » qui caractérise nos sociétés, et que l'on constate aujourd'hui dans le cas de l'Union européenne, où des décisions affectant des millions de personnes sont prises hors de tout contrôle populaire. Poulantzas définit l'État capitaliste, son principal objet d'investigation dans cet ouvrage, comme la "condensation d'un rapport de force entre classes sociales". Il montre que la seule alternative possible à ce système est le "socialisme démocratique", à savoir un socialisme qui dépasse le capitalisme sans pour autant sacrifier les libertés publiques.
Avec Michel Foucault, Gilles Deleuze, et Louis Althusser, auteurs dont il discute les thèses dans cet ouvrage, Nicos Poulantzas compte parmi les penseurs des années 1960-1970 dont le rayonnement international est aujourd'hui le plus important. Alors que l'édition de théories critiques françaises et étrangères connaît une grande vitalité depuis les années 2000, il était plus que temps de rééditer cet auteur.
Cette édition est accompagnée d'une préface de Razmig Keucheyan, maître de conférences en sociologie à l'université de Paris-Sorbonne (Paris IV), auteur d'un ouvrage de référence sur les pensées critiques contemporaines (Hémisphère gauche, Zones, 2010), et d'une postface de l'un des grands spécialistes mondiaux de l'oeuvre de Poulantzas, Bob Jessop, professeur de sociologie à l'université de Lancaster.
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Et tant pis pour les gens fatigués ; entretiens
Jacques Rancière
- Amsterdam
- 20 Août 2009
- 9782354800567
Loin d'être accessoire, la réalisation d'entretiens fait partie intégrante du travail de Jacques Rancière.
D'entretien en entretien, Rancière s'est toujours attaché à commenter et à expliciter son parcours et ses interventions en en exposant les inflexions et les continuités ; à opérer un travail de définition, de redéfinition et de démarcation par rapport à d'autres interventions théoriques ; à montrer le caractère indissociable de ses textes sur la politique, l'esthétique, l'art, le cinéma et la littérature ; à apporter des réponses aux objections et interrogations soulevées par ses écrits.
Sorte de cartographie en mouvement de la pensée de Jacques Rancière, ce recueil, qui contient notamment des entretiens difficilement accessibles ou inédits en français, constitue un outil indispensable pour tous ceux qui s'efforcent de définir les termes d'une politique démocratique radicale aujourd'hui.
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L'anomalie sauvage ; puissance et pouvoir chez spinoza
Antonio Negri
- Amsterdam
- 11 Janvier 2007
- 9782915547375
La véritable politique des philosophes classiques, c'est leur ontologie, tel est le principe qui guide ce livre, écrit en prison pendant les années 1979-1980.
Le néoplatonisme de la renaissance avait forgé l'utopie d'un développement spontané du capitalisme de marché. mais les grandes philosophies bourgeoises - descartes, hobbes, rousseau, hegel - devront insérer la crise au coeur de ce développement, et donc de l'ontologie. pour elles, l'appropriation suppose toujours la médiation dialectique d'un pouvoir qui lui est extérieur. à l'opposé, spinoza reprend l'exigence révolutionnaire de la renaissance, mais en transformant complètement son cadre ontologique.
Coupant court à toute dialectique, qui n'est jamais que la ruse ultime de la médiation bourgeoise, il pense l'être comme surface, plénitude, multiplicité. il forme ainsi une théorie de la pratique collective et de la force productive humaine, toujours tendue vers plus d'autonomie. radicalement matérialiste, cette philosophie qui affirme la puissance contre le pouvoir devient alors une anomalie sauvage, inscrite dans cette autre anomalie historique : la hollande du xviie siècle.
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en engageant la pensée deleuzienne en territoire philosophique " ennemi ", en la confrontant à celles de lacan et de hegel, slavoj zizek s'efforce de penser deleuze et de penser avec lui hors des sentiers battus.
s'appuyant comme à son habitude sur l'analyse d'objets culturels en apparence hétérogènes, de hitchcock à fightclub en passant par la théorie psychanalytique, zizek détourne la pensée deleuzienne et expose une ligne de divergence qui traverse la pensée critique contemporaine : peut on ne pas être spinoziste aujourd'hui ? ce faisant, il propose à ses lecteurs une manière inédite d'appréhender les termes du débat contemporain sur la mondialisation, la (dé) démocratisation et la " guerre contre le terrorisme ".
il définit par là ce qui constituerait, selon lui, un acte véritablement politique en ces temps obscurs.
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Spinoza et les sciences sociales ; de la puissance de la multitude à l'économie des affects
Yves Citton, Frédéric Lordon
- Amsterdam
- Poche
- 22 Mai 2010
- 9782354800734
Que les sciences sociales du XXIe siècle puissent trouver à s'inspirer d'un penseur du XVIIe a sans doute de quoi surprendre. Il est vrai que, commençant avec la cause de soi, la substance et Dieu, la philosophie de Spinoza semble tout avoir pour décourager le non-philosophe. Elle n'en finit pas moins avec les passions individuelles et collectives, les institutions et l'imaginaire social, la constitution des corps politiques et leurs crises, les dynamiques de la rébellion - questions-clés des sciences sociales. C'est pourquoi on ne devrait pas s'étonner de voir ici Spinoza dialoguer avec Foucault, Bourdieu, Mauss, Tarde ou Durkheim. Ni de voir les concepts spinozistes mis à l'oeuvre dans l'analyse des affects communs, de la médiasphère de l'opinion, des collectifs de travail comme communautés d'action, ou de la monnaie comme institution. Le tournant des années 1980 a vu la découverte d'un Spinoza politique, penseur de la puissance de la multitude, révélant une figure largement méconnue par la tradition critique antérieure. Ce mouvement de réinvention trouve ici son prolongement logique, dans un ouvrage qui esquisse une autre figure inédite : la possibilité d'un devenir spinoziste des sciences sociales.
Ce volume rassemble des contributions d'Yves Citton, Christian Lazzeri, Frédéric Lordon, Antonio Negri, André Orléan, Aurélie Pfauwadel, Pascal Sévérac et Philippe Zarifian.
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Dialectique hégélienne ? Les Années Rouges, qui réunit pour la première fois ces trois ouvrages, propose de revenir sur ce moment méconnu de la carrière de Badiou. À présent que l'auteur est pleinement entré dans l'histoire de la philosophie, il convenait de combler une lacune en permettant aux lecteurs contemporains de comprendre la trajectoire qui l'a conduit du Concept de modèle à l'élaboration de Théorie du sujet.
Mais il s'agissait surtout de montrer que, dans oeuvre de Badiou, la polémique n'a jamais été séparable de la philosophie et travaille la philosophie de l'intérieur. La pérennité du maoïsme réside sans doute ici : dans un engagement de la philosophie au présent, visant à en dégager la nouveauté et les lignes de fracture. A l'opposé des divers retours de la philosophie politique qui ont dominé les dernières décennies, Badiou montre que la philosophie, y compris la plus spéculative et la plus métaphysique, est en soi politique.
Revenir sur les années rouges et le moment maoïste, c'est donc aussi renouer avec un geste, réactiver une époque que les défenseurs de l'ordre néolibéral auraient préféré ne voir jamais reparaître.
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La multitude libre ; nouvelle lecture du "traité politique"
Collectif
- Amsterdam
- Caute
- 5 Novembre 2008
- 9782354800376
Relégué pendant longtemps à l'arrière-plan, au profit de l'Ethique et du Traité théologico-politique, le Traité politique est aujourd'hui au coeur des études spinozistes. Son originalité tient en particulier à l'apparition de l'énigmatique concept de " multitude libre ", qui se substitue à la théorie du contrat et sert aujourd'hui de référence centrale à un certain nombre de penseurs contemporains, tel Antonio Negri ou Étienne Balibar. Ce nouveau concept permet de penser autrement le problème de la constitution de l'État, de sa production et de sa reproduction à travers la seule logique des affects. Le présent ouvrage fait le point sur les recherches actuelles autour du Traité politique, de la traduction de ses principaux concepts à ses usages possibles pour concevoir le pouvoir et l'émancipation politiques aujourd'hui.