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Encre Marine
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Le tragique a mauvaise réputation, dans la langue courante (et journalistique) qui l'associe spontanément à la catastrophe, comme dans le jargon philosophique qui l'associe (souvent) à l'abattement et au pessimisme. On ignore ainsi la vertu première de l'esprit de la tragédie grecque et de la philosophie qu'elle a insufflé : une philosophie du courage, de l'assomption (de l'existence, du temps, en un mot, du tragique), et de la joie qui en résulte. Cet essai invite à rebrousser chemin.
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La recherche de l'absolu et le devenir des corps, de Plotin aux romantiques allemands Tome 2 : une histoire critique de la philosophie occidentale
Arnaud Villani
- Encre Marine
- 6 Septembre 2024
- 9782350882147
Ce deuxième volume d'une Histoire critique de la Philosophie occidentale, aux éditions Les Belles Lettres - faisant suite à L'Énigme de la philosophie grecque -, couvre une période de seize siècles. Il n'était donc pas envisageable de consacrer une étude détaillée à chaque philosophe important. Mais j'ai tenu à faire apparaître, pour chacun de ces philosophes ou penseurs, des éléments pouvant s'inscrire de façon pertinente dans le thème d'une guerre, consciente ou inconsciente, des idées et des concepts pour s'opposer autant que possible à la présence et la prégnance des faits, des corps et de la Nature, autrement dit, les minimiser, voire les éliminer.
Le troisième et dernier volume sera consacré à la période qui va de Hölderlin aux philosophes et penseurs contemporains, avec sa richesse incomparable de renversements et de revirements
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La fin des phénomènes n'est pas la fin du monde. Seulement l'essoufflement d'un monde. C'est la dissipation, que l'ère numérique a précipitée, du mode d'évidence propre à la représentation comme relation franche d'un sujet à des objets. Ceux-ci ne sont plus perçus ni pensés comme des « entiers », car ils sont soumis à des processus de réduction (dissolution) qui n'ont de cesse de dynamiter l'unité clairement dessinée qu'ils présentaient tant pour l'esprit que pour la sensibilité.
En ce sens, la fin des phénomènes désigne simultanément l'invalidation de la métaphysique, dans la mesure où celle-ci oppose en les appariant les sensibles et les intelligibles : deux classes d'objets corrélés dans leur séparation. La crise de l'objet est le dernier avatar de la déconstruction du sujet.
Si le phénomène est ce qui apparaît, la Figure est ce qui transparaît.
Elle n'est pas seulement image, mais événement, dans lequel l'annonce est voilée, obligeant à l'interprétation. Tertullien ne dit-il pas de la figura qu'elle est aussi umbra ? À un monde de l'évidence tranchant sur l'opacité qui l'environne, se substitue ainsi l'univers unique d'une transparence ombreuse. La Figure en tant qu'image vérace, est selon l'auteur, l'instrument de pensée qui, après la fin des phénomènes, rebat radicalement les cartes héritées de la métaphysique (le chôrismos platonicien, soit la participation dans la séparation du sensible à l'intelligible) en s'inspirant à la fois de sources chrétiennes (Pascal) et de l'oeuvre de Rainer Maria Rilke, poète et penseur de la Figur. -
La compassion est devenue, peu à peu, dans notre aire culturelle mondialisée, le signe de l'" humanité " en nous. À présent, sa domination non seulement sur la morale mais sur la représentation que les hommes se font d'eux-mêmes comme de leurs rapports sociaux et politiques, est si indiscutable qu'une idéologie récente comme celle du " Care " (soin, sollicitude, souci de l'autre, aide apportée à l'autre) s'y enracine entièrement. Pourquoi un tel empire ? Pour le comprendre, ne faut-il pas se demander quand et comment l'identification de la vertu d'humanité à la compassion s'est produite ? C'est là l'un des objectifs du présent essai qui prend son départ dans l'articulation du problème philosophique suivant : la compassion relève-t-elle de l'amour ou de la justice ? Il m'a semblé qu'une fois définie la compassion et retracées les grandes étapes de son histoire conceptuelle (d'Aristote à Levinas), une importance toute particulière devait être accordée à la position de Nietzsche, pour qui le respect du malheur que nous nous imposons au nom de la morale représente le pire des malheurs qui puisse frapper l'humanité considérée dans sa globalité. P A.
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Cette lumière est l'un des fascicules de l'oeuvre maîtresse de Dôgen, le Shôbôgenzô, qui réunit les discours adressés à ses élèves. Entré dans sa quarantième année, il compose ceux qui constituent le coeur philosophique de son oeuvre.
La traduction ici proposée fait suite aux traductions déjà proposées par Charles Vacher, les plus récentes étant Je suis temps et En rêve, dire le rêve.
Cette lumière, insaisissable par l'intellect, insubstantielle, immense et indivise, habite tous les êtres, tout ce qui existe. Et, c'est seulement par sa réflexion sur la nature de l'esprit, dans l'exercice de la méditation assise, autrement dit par la pratique de soi, que l'homme peut y accéder et ainsi s'éveiller à la réalité, lumineuse, fluide, luxuriante qui est celle du monde qui l'entoure -
Les matins de l'esprit ; mon ami Clément Rosset
Clément Rosset
- Encre Marine
- 8 Octobre 2021
- 9782350881911
« Mais quelle est la source de cette force qui nous laisse sans peur devant la source de la peur, sans désarroi devant la source du désarroi ? À quelle puissance la joie trouve-t-elle soudain cette force qui lui permet de résister à l'effet corrosif d'une tragédie à laquelle elle s'expose ? Telle est la question essentielle à laquelle nous devons enfin proposer une réponse. ».
Voici ce dont un Clément Rosset d'à peine 21 ans rapporte l'expérience et l'analyse dans cet essai inédit qui préfigure de manière originale bon nombre de ses réflexions ultérieures, et notamment celle-ci : l'impossibilité de rendre raison de la joie tragique, lucide d'exister.
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Olivier Bloch et Antoine Léandri proposent ici une nouvelle traduction de l'Ethique à Eudème d'Aristote, qu'ils ont effectuée d'après la dernière édition critique de l'ouvrage, celle de Richard Walzer et Jean Mingay (Oxford Classical Texts, 1991), non sans s'en écarter lorsque cela leur a paru nécessaire, comme ils s'en expliquent dans les notes. Il est question ici de choses aussi bizarres et désuètes que le bonheur, le courage, ou l'amitié, et par raccroc le plaisir, l'intelligence, la santé, la justice, la politique, le divin, etc. L'introduction précise la nature de l'oeuvre, et les problèmes qu'elle pose, par son titre, par ses rapports avec l'autre " Ethique " aristotélicienne, la plus notoire, l'Ethique à Nicomaque, du point de vue de leur ton, de leur contenu, de leur structure (les deux ouvrages comportent trois livres communs, lesquels, comme c'est la règle éditoriale, ne sont pas traduits ici), de leur différence et de l'interprétation qu'il faut en donner (question, en particulier, de l'évolution prêtée à la pensée d'Aristote par nombre de commentateurs). Elle se termine sur un aperçu concernant l'établissement du texte. Ces préliminaires, comme la traduction elle-même, les notes de bas de page critiques et explicatives qui l'accompagnent, et la bibliographie sélective qui s'y ajoute, s'adressent à la fois à l'amateur éclairé, auquel ils devraient rendre l'ouvrage accessible, et aux spécialistes dont on espère qu'ils pourront y trouver intérêt dans leurs enseignements et leurs recherches.
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Incipit vita nova !... Ainsi s'expriment les créateurs quand ils créent. Et peu importe ce qu'ils créent - des images, des poèmes, des concepts ou des dieux. Incipit vita nova est ce qu'affirment les créateurs, en silence ou à voix haute, parce que créer est au commencement d'une vie nouvelle, ce commencement lui-même.
Pour être lié au commencement de quelque chose qui parvient à prendre forme grâce à lui, l'acte de création ne fait jamais la part belle aux puissances destructrices qui font inlassablement le siège de la vie afin d'y mettre fin. De même qu'il n'entend rien concéder à cet insidieux esprit de morbidité, à ce démon mortifère, que l'on voit régner un peu partout dans le monde de la culture. Au contraire, créer est cet événement
générateur et généreux, singulier et singularisant, vital et vivifiant, qui élève en plein coeur de la vie comme une protestation de survie, à tous les sens du mot « survie ».
Pour l'éprouver à tout moment dans le tréfonds sa chair, tout créateur sait bien que l'antonyme de « mourir » n'est jamais « vivre », mais « créer ». C'est là, en tout cas, une des thèses que vise à élaborer et à justifier la théorie esth/éthique qui occupe
la première partie de cet ouvrage, sa seconde partie étant consacrée à mettre en oeuvre la question de l'expression comme « ex-pression » du Soi. -
Vers une pensée mouvement : voyage entre les choses et les mots
Arnaud Villani
- Encre Marine
- 8 Septembre 2023
- 9782350882062
Travaillant sur les Présocratiques, j'avais remarqué une profonde différence entre ce que dit Parménide dans son Poème, et les commentaires traditionnels qui font de lui un logicien, un métaphysicien de l'Un absolu, écrasant le réel multiple de toute sa hauteur. Cette prise de conscience s'est approfondie lorsque j'ai constaté que cette disjonction, initiée par Socrate et Platon, prenait la forme d'une vraie fracture entre « anciens » partisans du cosmos, de la nature et des corps, et partisans « nouveaux » de l'humain, avec sa culture, ses concepts et son monde d'idées. J'ai alors soumis l'histoire de la philosophie grecque à un examen tendant à vérifier l'existence de cette guerre oubliée entre « Nature » et « Culture ». Les résultats de cette recherche ont été récemment publiés par les éditions Les Belles Lettres, collection « Encre marine », sous le titre : L'Énigme de la philosophie grecque. J'y désignais la pensée des corps : « pensée-mouvement », et la pensée des idées : « pensée-substance ». Une telle distinction demandait évidemment à être soumise à discussion. Elle demandait aussi de préciser les caractères de cette pensée-mouvement, sans doute plus moderne qu'on ne l'imagine. C'est pourquoi j'ai rédigé l'ouvrage que les Belles Lettres « Encre marine » présentent aujourd'hui, sous le titre : Vers une pensée-mouvement. Voyage entre les corps et les mots.
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Les bonheurs de Sophie ; une initiation en 30 mini-leçons
Dominique Janicaud
- Encre Marine
- 21 Août 2012
- 9782350880570
Mystérieuse. C'est ainsi qu'est né ce petit livre : de la perplexité d'élèves de Première désireux de faire connaissance avec la Philosophie durant leurs vacances d'été. S'il existe en effet beaucoup de manuels et d'ouvrages scolaires, aucune initiation préalable ne répond à cette situation unique et singulière.
L'auteur a donc tenté de combler une lacune en guidant le plus agréablement possible l'élève qui vient de terminer sa Première vers des travaux plus documentés, plus précis et, bien sûr, vers les textes fondamentaux des grands philosophes. Ces trente mini-leçons, correspondant aux trente jours d'un mois d'été, constituent, du fait des circonstances de leur composition, le testament philosophique de l'auteur à l'usage des jeunes générations.
La langue claire, élégante et mesurée, le ton souriant de cet ouvrage sans pesanteur le destinent à tous ceux qui s'intéressent aux enjeux de la réflexion philosophique. Puissent-ils y prendre plaisir et tomber sous son charme !
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Les choses mêmes : la pensée du réel chez Aristote
Gilbert Romeyer-dherbey
- Encre Marine
- 15 Avril 2022
- 9782350881966
Quand on lit Aristote dans son texte, on est frappé par la fréquence du retour d'expressions comme « la science de la chose », « à partir de la chose elle-même », « dans la nature de la chose » ; les physiciens présocratiques n'ont pu deviner l'essence, dit Aristote, que parce qu'ils ont été « poussés par la chose elle-même ». Si ce retour insistant ne se manifeste pas toujours dans la version française du texte, c'est parce que le terme grec de pragma/p???µa recueille en lui tout un faisceau de sens que la traduction fait éclater en termes distincts : p???µa se traduit par chose, mais aussi par cause, au sens juridique du terme, et par affaire. ????µa recouvre donc le champ des choses naturelles, mais aussi celui de la politique ; qui est l'affaire de tous et la cause d'un chacun, et que les Anciens nommaient « affaires communes » et « chose publique ». Ce sens anthropologique s'est oblitéré de nos jours, si bien que la signification de p???µa est beaucoup plus large que celle du vocable moderne de chose.
La largeur du champ de p???µa invite à faire porter l'analyse sur l'ensemble de l'oeuvre d'Aristote. Sous son aspect négatif d'abord, avec la critique de là sophistique et du platonisme ; sous son aspect positif ensuite, tel qu'il se déploie en trois perspectives essentielles : la relation de l'homme aux choses par la connaissance ; la nature propre de la chose concrète telle qu'elle subsiste par soi dans la nature ; la réalité politique, qui certes est l'oeuvre de l'homme, mais qui aussi subsiste à l'extérieur de lui dans la Cité d'une manière autonome comme ré-publique.
On sait que les textes publiés par le Stagirite ont été perdus, et que le Corpus est constitué de notes de cours rédigées à des époques différentes. C'est dire que le philosophe méditant les écrits d'Aristote ne peut faire l'économie de considérations philologiques, lesquelles ne sont pas ici surcharge érudite mais font corps avec l'interprétation. Ainsi, l'étude précise de l'évolution d'Aristote dans sa théorie du sentir éclaire la genèse du traité De l'âme et invite à reconsidérer le problème de la date de sa rédaction.
On résume souvent par le mot de « réalisme » l'inspiration de la pensée d'Aristote, réalisme « naïf » ajoutent certains naïfs pour désigner une pensée parfaitement au fait de ses présupposés. Mais si le réalisme se définit comme visée du réel, il se trouve affecté d'une énorme ambiguïté puisque la réalité est ce que tente d'exprimer toute philosophie. Une inspiration philosophique va donc se caractériser par le lieu particulier où elle invente de situer ce réel énigmatique ; si Aristote ramène la philosophie du ciel sur la terre c'est parce que, refusant de voir ce réel dans un monde idéal séparé, il veut lire l'essence dans les choses de ce monde, les p???µata. Le recours ici fait, à travers la pensée d'Aristote, au sens ancien de p???µa vise à revaloriser la notion de chose, à lui redonner l'ampleur qu'elle a perdue en se bornant à désigner de nos jours l'objet simplement inerte. -
Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction
Jean-marie Guyau
- Encre Marine
- 3 Octobre 2008
- 9782350880037
publiée pour la première fois en 1885, l'esquisse d'une morale sans obligation ni sanction nous propose une théorie éthique inspirée par l'évolutionnisme et la psychophysiologie naissante.
son principe, la tendance de la vie à plus d'expansion et plus d'intensité, permet à son auteur, jean-marie guyau (1854-1888), de se placer en concurrence des " deux tendances de la morale " selon lui : l'utilitarisme anglo-saxon et le kantisme continental. il le conduit aussi à nous offrir la perspective originale d'une " morale de la vie " dans ce livre " raffiné, mélancoliquement courageux " (nietzsche).
né en 1854 à laval, jean-marie guyau est le fils d'augustine tuillerie, connue pour avoir publié sous le pseudonyme de giordano bruno plusieurs livres, dont le fameux tour de france de deux enfants (1877) ; il est le beau-fils du philosophe alfred fouillée, qui diffusera sa pensée et publiera une partie de l'oeuvre de guyau après sa mort précoce (1888). guyau, historien de la philosophie morale, historien des religions, philosophe de l'art et théoricien de la pédagogie, était aussi l'auteur de manuels de lecture et de classiques scolaires, un poète, un musicien.
esquisse d'une morale sans obligation ni sanction, pour la première fois publiée avec l'indication des modifications apportées à la première édition, est sans conteste son ouvrage le plus personnel et le plus fameux.
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Cette vie est en même temps sa propre invention, saisie et voulue comme telle. Elle met en scène les actes de rupture, les créations et les fulgurances qui sont en fait le déploiement même du Désir et de la liberté. Dans le mouvement concret de la vie, dramatique ou comblée, prend place aussi le mouvement de la réflexion.
L'auteur suit le fil mnémonique de sa propre pensée et rend compte du travail et de la gestation de chacun de ses livres. L'oeuvre qui a exprimé et construit la vie heureuse est ici éclairée en retour par cette vie même. Une vérité, ni morale ni psychologique, prend forme peu à peu : au-delà de toutes les idéologies du siècle, une philosophie du sujet et de la liberté peut être à la fois le miroir d'une vie et la source même de cette vie.
C'est la pensée de la liberté heureuse qui crée et la liberté vraie et la joie.
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Les études réunies dans ce livre portent sut l'histoire de la philosophie antique, des présocratiques aux stoïciens, avec une préférence pour Aristote. L'ouvrage regroupe des articles parus dans diverses revues et des contributions à des ouvrages collectifs ; certains textes sont inédits ou inédits en français.
Entendre la parole des Anciens exige de nous un effort particulier, puisque le monde qui était le leur a disparu. Or la philosophie, bien qu'elle vise à l'universalité, fait malgré tout partie d'un monde ; elle entretient une correspondance étroite avec des formes culturelles (religion, art, littérature) qui avaient élaboré des évidences dont certaines étaient si fondamentales, si consubstantielles à l'être-grec, qu'elles allaient sans dire. La philosophie elle-même ne les énonçait pas, c'est pourquoi l'histoire de la philosophie se doit de dire ce qui, à l'origine, allait sans dire, afin de faire appréhender au lecteur actuel des évidences qui, depuis, se sont déplacées.
Faire surgir ces évidences oubliées exige que l'on se dépayse et que l'on vive soi-même dans le monde dont on parle. Démarche de patience et de douceur, qui ne cherche pas à faire comparaître les textes du passé devant le tribunal de la modernité, mais qui s'avance à l'écoute de cette parole archaïque, vers elle qui a fait tant de chemin vers nous. -
L'ouvrage ici présenté ne prétend pas constituer une histoire de plus de la philosophie grecque. Pour tenter d'en résoudre l'énigme, il propose une histoire à deux caractéristiques typiques : 1) elle est gouvernée, des premiers Milésiens jusqu'aux Néo-platoniciens tardifs, par une idée qui sert de trame. Autrement dit, ce n'est pas le récit d'une évolution des systèmes sur un mode paisiblement chronologique, mais l'illustration d'une formidable guerre dans la pensée, d'un « combat de géants » que j'ai déjà évoqué dans d'autres ouvrages, et qui demande d'interroger le fait majeur d'un « virage dans la pensée » dont l'Occident provient ; 2) cet aspect polémologique de la première philosophie m'a semblé reposer sur un changement de paradigme : on serait passé d'une pensée-mouvement, ambiguë, s'intéressant non pas aux êtres et aux choses, mais à l'intervalle ou l'interstice entre ces entités, et voyant dans cet intervalle le mouvement vif de la réalité et le gage paradoxal de sa stabilité contrastée - à une pensée-substance, tenant les formes diverses (corps et en concepts), pour des réalités arrêtées et « absolues », entre lesquelles nul partage n'existe que hiérarchique, les unes pleinement positives, vouées à prendre la direction des affaires, les autres traînant leur vie d'inférieures au service des premières. Je fais l'hypothèse que ce passage d'une pensée à un autre a laissé sa trace dans la forme « duel » du grec, dont on peut noter qu'elle disparaît en latin : ni « un » ni « deux », mais l'unité duelle d'un conflit créateur, aucun des antagonistes n'ayant de raison de céder devant l'autre. La pensée grecque, sous sa forme crépitante, serait l'histoire de ce paradigme perdu et de la longue bataille qui en est résultée.
L'ouvrage est destiné à tout public, excepté les notes en encadré, plus techniques -
Soleil et connaissance : Empédocle avant Platon
Rosella Saetta Cottonne
- Encre Marine
- 2 Juin 2023
- 9782350882031
Depuis deux siècles, la cosmologie d'Empédocle est au centre d'un débat philologique et philosophique intense qui touche principalement la reconstruction du « cycle » - le mouvement de la matière cosmique qui donne naissance au monde et aux choses - et l'analyse de la relation entre les puissances de l'Amour et de la Haine responsables du devenir. Malgré leurs divergences parfois insurmontables, les interprétations proposées n'analysent pas vraiment le rapport entre les théories physiques du poète-philosophe, son épistémologie et sa pratique poétique.
Ce livre propose une nouvelle lecture d'Empédocle dans laquelle la pensée sur les lois de l'Univers est indissociable d'une pensée de la connaissance par les images qui trouve sa réalisation dans la poésie. Il montre aussi que l'Agrigentin concevait la poésie comme médiatrice entre la physiologie humaine et la connaissance de la nature, l'homme étant relié au Tout par le moyen des mots.
La fortune de cette poétique chez les poètes dramatiques athéniens qui se l'approprièrent peut aider à comprendre comment certaines idées d'Empédocle ont pu cheminer jusqu'à Platon. -
La philosophie n'a pas en vue l'utilité ou le bonheur, mais la seule vérité. Le sceptique lui-même philosophe sous l'idée de vérité, car, quoi qu'il dise, il ne peut que dire ce qui lui semble vrai. Dès lors qu'il n'y a pas de démonstration en métaphysique, le scepticisme métaphysique est le lot commun de tous les philosophes aujourd'hui. Cela signifie qu'il convient de philosopher en première personne, à l'exemple de Montaigne. Marcel Conche, donc, ne fait que dire ce qui lui semble. Il pose, avec Montaigne (cf. p. 27), la « question de l'être » - question que Descartes a ignorée. Concluant au nihilisme ontologique, il substitue à la notion d'« être » la notion pyrrhonienne d'« apparence » (il y a... des apparences). Mais il refuse le nihilisme pratique (axiologique), qu'il s'agisse d'éthique (laquelle répond à la question: « à quoi bon la vie? »), de morale (qui concerne ce que l'on doit à autrui) ou d'esthétique. Toutefois, le questionnement sceptique, à la différence du dogmatique, ne connaît pas l'arrêt. La philosophie n'a donc pas d'aboutissement en elle-même. Mais elle mène à l'au-delà d'elle-même, et, à l'exemple de Socrate, à rendre les armes à la sagesse de l'amour.
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Entrevoir et vouloir ; Vladimir Jankélévitch
Lucien Jerphagnon
- Encre Marine
- 9 Février 2016
- 9782350880983
« Je travaille pour le XXIe siècle. » Bonne raison pour y rendre de nouveau présente cette courte initiation qu'on m'avait demandée au siècle dernier. On était alors dans ces années de l'après-guerre, où par-delà les désastres et crimes imprescriptibles, chacun se refaisait tant bien que mal une santé et un moral, et tentait de redonner un sens à l'humain. Comme tout un chacun, je cherchais des réponses, des solutions, bref, un absolu, et qui - excusez du peu - se serait traduit en mots. Des mots, on en trouvait. La mode était à l'existentialisme, au marxisme, au personnalisme et autres mots en isme. Des mots, des mots, mais d'absolu, point. Tel, du moins, que je m'en faisais l'idée - ou l'image. Jusqu'au jour où me tomba entre les mains un livre de Jankélévitch. Nous étions en 1949 : c'était la première édition du Traité des vertus. Et si je ne craignais de pousser un peu loin le pastiche, je dirais que m'advint ce qui était arrivé à saint Augustin à qui l'on avait prêté des textes de Plotin et de Porphyre : ma façon de voir s'en trouvait changée du tout au tout. Je n'aurais de cesse, à mesure que passeraient les années, que je n'aie lu l'oeuvre en son entier. Mais sur le moment, comment aurais-je imaginé que onze de ces volumes me seraient offerts au cours des ans par leur auteur, avec un mot de sa main ?
Lucien JERPHAGNON
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Faisant feu de tous les bois conceptuels (philosophie, histoire, psychanalyse, anthropologie, cinéma), ce livre interroge les états d'âme et les tourments qui refont chroniquement surface à l'approche de Noël, quand tout invite au contraire. Il n'a pas pour but de défendre ou de sauver Noël, ni d'en instruire le procès à charge, pas plus que d'en moquer le folklore ou d'en proclamer l'obsolescence.
Il ne milite ni pour sa sanctuarisation culturelle, ni pour son bannissement de nos coutumes. Il cherche à penser cette drôle de fête. Celle qui réunit les familles et les générations sous presque toutes les latitudes. Pour le meilleur et pour le pire. Souvent dans la joie, mais pas toujours dans la bonne humeur. L'alibi social des retrouvailles familiales est plus que tout source de tensions et de conflits. Et pour cause. Noël cèle la mesure intranquille de nos liens avec autrui et, au-delà, avec la vie.
On parle du JOUR de l'an et de la NUIT de Noël.
Étrange que Noël célèbre la nuit quand le Jour de l'an célèbre le jour !
C'est autour de ce paradoxe que Stéphane Floccari poursuit son aventure.
Trouvera-t-on dans ces pages des raisons d'être à la fête pour que Noël se profile comme une promesse de printemps au coeur de l'hiver.
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Nous sommes en 1240. Dôgen ??(1200- 1253) est maître de méditation, formé à la grande école Tendaï d'Hieizan, puis en Chine à l'école du ch'an (zen). Autour de lui, dans la pénombre de son temple de Kôshô Hôrinji, près de Kyoto, se réunit une communauté de méditants, ralliés à l'idéal zen que Dôgen tente de transplanter au Japon. C'est à eux qu'il adresse « Uji » ??« Je suis le temps », « Le temps est le fait même que j'existe, toute existence est le temps » Les fictions du temps. Le temps ne se laisse pas enfermer dans les divisions conventionnelles, aussi utiles soient-elles, en heures, en avant et après, en passé, présent et futur. Il ne se laisse pas davantage mesurer sur une échelle de durées, comme : continuum, moment, instant ou même état stationnaire. Le temps n'est pas le temps abstrait, global et omniprésent comme celui où nous vivons de nos jours.
Le temps ne s'écoule pas. Le temps se pratique au présent avec le tout du corps-esprit dans le quotidien : travaux et occupations diverses et méditation. Il devient alors clair que le temps fiction a disparu. Dans un même mouvement, il embrasse passé, présent et futur. Le temps ne s'écoule pas.
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À quatre-vingt-treize ans Marcel Conche a encore quelque chose à dire sur la nature, l'infini, la vérité, la tradition, la création, le moi, le silence, le tragique, l'amour, la mort ou les mathématiques, mais aussi sur Descartes, Leibniz ou Héraclite. 12 petits chapitres sont consacrés à une nouvelle approche de Spinoza.
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Esquisse biographique ; entretiens entre Clément Rosset et Santiago Espinosa
Clément Rosset, Santiago Espinosa
- Encre Marine
- 11 Septembre 2017
- 9782350881232
Dans ce livre, Clément Rosset s'entretient librement avec Santiago Espinosa sur divers sujets. Dans une première partie, comprenant cinq entretiens, Rosset raconte avec humour les trois épisodes marquants de sa vie l'ayant conduit à la réflexion philosophique. Il est ainsi question de son enfance, de son amour de la musique et de la littérature, de ses années de normalien et de son entrée à l'Université de Nice. Il y revient sur ses auteurs de prédilection, sur ses rapports avec l'Académie et avec les philosophes dont il a été le contemporain et parfois l'ami (Cioran, Deleuze, Jankélévitch, Descombes).
Dans une seconde partie, deux entretiens visent, au vu d'un certain nombre de contresens ayant été faits par des commentateurs à son égard, à clarifier et à détailler le concept-clef de sa philosophie : le double et le réel.
Il s'agit donc à la fois d'un livre biographique, où Rosset parle de lui-même, et d'un ouvrage de fond, où le lecteur trouvera, tantôt un supplément conceptuel aux livres qu'il aura lus de sa philosophie, tantôt une introduction et une invitation à leur lecture.
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Dans le tome premier, le lecteur trouvera rassemblés les travaux de Clémence Ramnoux rédigés à la fin des années cinquante et au début des années soixante, moment où l'helléniste se penche sur la figure d'Héraclite d'Éphèse, philosophe de la fin du VIe siècle av. J.-C., à la pensée mouvante, évoluant en des antagonismes conciliés dans une unité supérieure (Héraclite ou l'homme entre les choses et les mots, version augmentée de Vocabulaire et structures de pensée archaïque chez Héraclite). Clémence Ramnoux évite ainsi de lire les fragments d'Héraclite, d'après la doxographie, selon la division traditionnelle - cosmologie, anthropologie, logique - et propose une nouvelle méthode en groupant les formules de mots. Ce qui l'a amené à enquêter, d'une part, sur le couple Nuit-Jour et les théogonies dans la littérature de la Grèce archaïque (La Nuit et les enfants de la Nuit), et à comprendre, d'autre part, comment l'homme grec concevait son rapport au temps - avec les principales divinités qui se sont succédées au fil des générations -, mais aussi dans l'espace, ce cosmos sans cesse en péril mais que le mythe et le rite garantissent (Mythologie ou la famille olympienne).
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Une autobiographie étrange, de laquelle je est absent.
Un petit garçon se présente, un petit il qui fait une rencontre décisive : lorsque l'hostie consacrée est présentée aux fidèles, tous tête inclinée devant ce qu'on ne peut regarder en face, il lève les yeux. Il voit... rien.
Ce rien sera le ferment de sa vie et de son oeuvre. Il soutiendra la construction d'une généalogie intime, à partir des désirs, des émotions, des accidents et des hasards.
Une hétéro-biographie plutôt, intense, d'où toutes scories ont disparu.
Vidit, il a vu.
Scripsit, il a écrit.
Vixit, il est mort.