Honore Champion
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Du contrat social
Jean-Jacques Rousseau
- Honore Champion
- Classiques Litteratures
- 7 Octobre 2010
- 9782745321282
Du contrat social : ce " petit livre " est un grand livre, devenu canonique dans l'histoire des idées politiques. Comme tous les grands livres, il est difficile à lire parce qu'il faut retrouver en lui le mouvement d'instauration de la pensée. En cet essai, Rousseau se propose de construire non pas une " philosophie politique ", à l'instar de Hobbes qui se glorifiait d'en avoir inauguré la carrière, mais, sur la base normative du devoir-être, une " politique philosophique ". Son originalité est de proposer, loin de toute étude de " science politique " disséquant les rouages institutionnels de l'État, et indépendamment d'un programme politique à visée pragmatique, une théorie " pure " du droit politique dont le " contrat social " est le paradigme fondateur et le principe régulateur. Cette révolution épistémologique hardie réclamait une écriture exigeante et laborieuse. Les deux versions de l'ouvrage témoignent de l'effort fourni pour approfondir une pensée que sa lente interrogation oriente vers un normativisme critique. Emmanuel Kant - le meilleur lecteur de Rousseau - sut reconnaître dans le " contrat social " une idée rationnelle pure à vocation transcendantale.
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Les rêveries du promeneur solitaire
Jean-Jacques Rousseau
- Honore Champion
- Classiques Litteratures
- 11 Mars 2010
- 9782745320339
Dernier volet inachevé de la trilogie des oeuvres autobiographiques de Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire se définissent par leur titre même. Lauteur sy nomme comme dromomane et comme solitaire. Il nest plus le Citoyen, mais un homme abandonné de tous ses anciens amis dont il sest volontairement éloigné. Ses dix « Promenades » oscillent entre la quête dun bonheur permanent impossible et son imagination farouche qui lui fait voir une toile daraignée tissée pour le prendre au piège. De fait, ses « rêveries » sont des méditations qui se succèdent presque sans ordre, au jour le jour, dans un « informe journal » qui sinscrit comme un chef-doeuvre décriture.
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Vingt années séparent le premier exposé de la théorie darwinienne - le brouillon de 1839 - et la publication, le 24 novembre 1859, de L'origine des espèces. La fin de cette longue genèse est aussi le début d'une lente maturation qui durera jusqu'en 1872 - date de sa sixième et dernière édition -, voire, si l'on y inclut les ultimes révisions de l'auteur, jusqu'en 1876 - date du dernier tirage soumis à son examen. C'est cette édition absolument définitive du plus célèbre des ouvrages de Darwin qui est ici traduite et présentée à l'occasion du bicentenaire de sa naissance. Aucun livre de science ne connut sans doute plus durable succès. Aucun ne suscita réactions plus vives ni controverses plus passionnées. Dans une quête d'exhaustivité qui demeurera toujours insatisfaite, l'ouvrage illustre à travers chacun de ses chapitres la haute cohérence de la théorie de la sélection naturelle, moteur de la transformation des espèces, avec les données issues de l'observation des variations animales et végétales, de la théorie des populations, de la zootechnie, de l'horticulture, de l'éthologie, de l'étude de la génération et des croisements, de la paléontologie, de la biogéographie, de la morphologie, de l'embryologie, de l'histoire de la Terre et du climat, ainsi que de la classification des formes vivantes. Particulièrement démonstratif et amplement documenté, il porte un coup décisif aux anciennes croyances en la création singulière et en la perfection native, fixe et définitive des espèces. Cette laïcisation de l'histoire naturelle, qui s'inscrit elle-même dans une autonomisation nécessaire de la science, sera pour cela longtemps combattue par les Eglises et les groupements mystiques restés fidèles au dogme, indéfiniment remanié mais toujours résurgent, de la Création du monde et du vivant par une intelligence transcendante et providentielle qui serait seule capable d'en garantir les fins et d'en préserver l'harmonie. Dans une savante et méticuleuse préface, Patrick Tort étudie pas à pas la constitution de ce maître livre qui inaugure, en l'affranchissant de toute théologie, la pensée scientifique moderne.
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Pascal ou le défaut de la méthode : lecture des pensées selon leur ordre
Laurent Thirouin
- Honore Champion
- Classiques Essais
- 23 Mars 2023
- 9782380960624
À l'occasion des 400 ans de la naissance de Blaise Pascal, une nouvelle édition augmentée de cette lecture devenue un classique.
Avec une préface de Dominique Descotes, directeur du Centre International Blaise Pascal.
Redoutable dialecticien, Pascal reste conscient de la faiblesse de tout argument, de l'insignifiance des énoncés, de la stérilité des méthodes. Il ne prétend pas, dans ses Pensées avoir rien dit d'inouï, mais avoir mieux placé la balle dont tout le monde joue, avoir inventé une disposition nouvelle. Il importe donc de s'interroger sur cette disposition, c'est-à-dire de considérer enfin comme essentielle l'étrange répartition en liasses que restituent aujourd'hui les éditions des Pensées. L'ordre de Pascal est à la fois une rhétorique singulière et un rapport original à la vérité.
Mais l'examen doit être inductif et méticuleux. Quelle logique exacte préside à la répartition des pensées entre une liasse " vanité " et une liasse " misère " ? Comment la raison des effets marque-t-elle la grandeur de l'homme ? Pourquoi Pascal a-t-il disséminé les fragments traitant du divertissement, au lieu de les réunir dans le dossier qui semble consacré à la question ? Quelle espèce de transition désigne-t-il sous le titre " Transition de la connaissance de l'homme à Dieu " ? Telles sont les questions, et d'autres similaires, proposées à la réflexion dans ce volume. Le commentaire d'une pensée ne devrait plus s'envisager en dehors de sa situation dans le singulier dispositif que forment les liasses. -
Discours préliminaire de l'Encyclopédie et articles de l'Encyclopédie
Jean Le rond d'alembert
- Honore Champion
- Classiques Litteratures
- 6 Octobre 2011
- 9782745322609
Les textes sont à l'origine de la querelle de l'Encyclopédie avec le Journal de Trévoux, tout comme le texte de la première édition du Discours préliminaire des éditeurs, n'avaient jamais fait l'objet d'une publication particulière.
Il revenait à l'auteur de D'Alembert et la mécanique de la vérité dans l'Encyclopédie, de combler ce vide éditorial. Le XVIIIe siècle français connaît, de 1749 à 1751, trois années cruciales au cours desquelles Diderot et d'Alembert élaborent la philosophie de l'Encyclopédie. Le présent volume distingue trois phases déterminantes dans la révolution du savoir pensée par les deux éditeurs : la querelle entre le Journal de Trévoux et Diderot, la parution du Discours préliminaire des éditeurs et les articles épistémologiques de d'Alembert.
Il ne fallait pas perdre de vue, à l'aube du XXIe siècle, alors que les scientifiques tant dans les sciences exactes que dans les sciences humaines, précisent les recherches sur l'esprit de l'homme, que la décision fondamentale de placer l'homme avant la nature a constitué un renversement du sens de l'humanisme en celui d'humanité. La nature appartient désormais à l'homme.
Demandée par Montaigne et entendue par Kant, la mise en place de ce point de vue ne se réalisa pas sans violence.
Le rapprochement et le déchirement entre la philosophie, la science et la religion témoignent d'une complicité ambiguë et fragile dont ces textes portent les marques.
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Le devenir actif chez Spinoza
Pascal Sévérac
- Honore Champion
- Champion Classiques
- 7 Octobre 2021
- 9782380960389
Pourquoi devenir actif ? Et comment, dans une philosophie de la nécessité absolue, comprendre ce passage de la passivité à l'activité ?
La thèse centrale de cet ouvrage est la suivante : le devenir actif chez Spinoza ne consiste pas à combler la béance entre une essence idéale et une existence réelle. La passivité ne peut être appréhendée comme scission entre soi et soi, et le devenir actif comme jonction de l'essence et de l'existence. Une telle vision équivaut à réintroduire en l'homme la transcendance, la finalité et la potentialité, que l'éthique spinoziste entreprend pourtant de congédier. Pour saisir la nécessité de devenir actif, il faut commencer par s'interroger sur le paradoxe de la joyeuse passivité : en tant que joie, elle est augmentation de la puissance ; en tant que passivité, elle est négation de cette même puissance. Comment alors comprendre une telle négation de soi, sans recourir à la disjonction entre l'acte et la puissance ?
Le concept de distraction nous met sur la voie, en tant qu'il désigne une coupure non de soi avec soi, mais de soi avec les autres : cette admiration, entendue comme absorption dans une pensée et une affectivité obsessionnelles, nous oblige à réévaluer le rôle central du corps dans le devenir actif, à jeter les fondations d'une théorie de l'occupation de l'esprit, et à dessiner les contours d'une véritable intelligence de nos affects. Alors nous comprendrons ce que signifie une pratique de la science intuitive, c'est-à-dire un rapport à soi et aux autres comme pures positivités.
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« À partir d'un commentaire fouillé de la philosophie de la nature et de la critique du finalisme telle qu'elle s'exprime dans la Lettre sur les aveugles, les Pensées sur l'interprétation de la nature et Le Rêve de d'Alembert, ce livre montre l'unité et la cohérence de la pensée de Diderot dans les différents domaines qu'elle a pu aborder. Il s'agit là d'un travail considérable, susceptible de renouveler les études diderotiennes, dans la mesure où il prend véritablement au sérieux l'oeuvre philosophique de Diderot et en étudie la cohérence et les enjeux comme on a pu étudier les systèmes des grands philosophes classiques du dixseptième siècle ou de l'idéalisme allemand. Au-delà du cas de Diderot lui même, une telle recherche permet de jeter un regard différent sur la philosophie, l'esthétique, l'anthropologie et l'éthique du dix-huitième siècle, souvent dévaluées à tort dans l'histoire de la philosophie, ou du moins considérées comme des assemblages d'idées disparates et non systématiques. Colas Duflo en montre au contraire la forte articulation et la teneur théorique rigoureuse, repérable à condition qu'on veuille bien prêter attention à la spécificité de leurs concepts et de leur système de preuve. En ce sens, il s'agit d'un apport méthodologique extrêmement précieux. » Pierre-François Moreau
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Rousseau juge de Jean-Jacques
Jean-Jacques Rousseau
- Honore Champion
- Classiques Litteratures
- 3 Mars 2011
- 9782745322043
Les trois dialogues qui composent Rousseau juge de Jean-Jacques se situent à l'extrême de ce qui pouvait passer pour de la littérature au XVIIIe siècle, texte surprenant pour les défenseurs comme pour les adversaires de Rousseau. Dans une mise en scène pour le moins originale, et comme l'indique le titre, Jean-Jacques se fait juger par « Rousseau » en dialogue avec « le Français. » Vivant relativement isolé (et surveillé) à Paris après son exil, Rousseau les écrit entre 1772 et 1776 sous la forme d'un procès imaginaire intenté contre lui-même et dont il sortirait acquitté, sa réputation désormais sauvée aux yeux de la postérité. Si ses Confessions ont scandalisé (on n'en connaissait alors que la première moitié), ces dialogues apparaissaient comme le dernier cri d'un condamné, sinon comme une preuve certaine de sa folie. Rousseau résolut enfin de confier à Dieu lui-même ce texte extraordinaire en le déposant sur le maître-autel de Notre Dame de Paris
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Arbre des exemples : fables et proverbes philosophiques
Raymond Lulle, Armand Llinares
- Honore Champion
- Classiques Francais Du Moyen-age
- 8 Mars 2003
- 9782852030244
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Milton, de la famille à la République ; droit au divorce et droit des peuples
Christophe Tournu
- Honore Champion
- Libre Pensee Et Litterature Clandestine
- 4 Mars 2011
- 9782745322203
Les trois dialogues qui composent Rousseau juge de Jean-Jacques se situent à l'extrême de ce qui pouvait passer pour de la littérature au XVIIIe siècle, texte surprenant pour les défenseurs comme pour les adversaires de Rousseau. Dans une mise en scène pour le moins originale, et comme l'indique le titre, Jean-Jacques se fait juger par « Rousseau » en dialogue avec « le Français ».
Vivant relativement isolé (et surveillé) à Paris après son exil, Rousseau les écrit entre 1772 et 1776 sous la forme d'un procès imaginaire intenté contre lui-même et dont il sortirait acquitté, sa réputation désormais sauvée aux yeux de la postérité. Si ses Confessions ont scandalisé (on n'en connaissait alors que la première moitié), ces dialogues apparaissaient comme le dernier cri d'un condamné, sinon comme une preuve certaine de sa folie. Rousseau résolut enfin de confier à Dieu lui-même ce texte extraordinaire en le déposant sur le maître-autel de Notre Dame de Paris.
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La tentation de l'Afrique ; néo-gritude, afropolis, mondialité
Frédéric Treffel
- Honore Champion
- Champion Essais
- 1 Avril 2019
- 9782745351586
Longtemps l'Afrique fut la grande absente de l'histoire, en marge de la raison, du discours, et de la langue, et non une actrice à part entière. Cette perspective s'est cependant peu à peu modifiée au cours des dernières décennies et le continent africain est devenu à son tour acteur de l'histoire et producteur de discours. Et si la « négritude » était un aspect universel de la pensée humaine ? Il convient aujourd'hui de donner un sens à l'idée d' « espace commun philosophique-philologique » entre les hommes, que ces derniers habitent au Nord ou au Sud. Cet espace commun surgit à partir d'une énigme qu'il nous faut apprendre à maîtriser. L'auteur s'efforce de définir une nouvelle « universalité concrète », autant par-delà les différences culturelles, que par-delà une conception trop optimiste et trop occidentale de la raison et du progrès.
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Leibniz lecteur de Spinoza : La genèse d'une opposition complexe
Laerke Mogens
- Honore Champion
- Travaux Philosophiques
- 28 Octobre 2008
- 9782745316981
La comparaison entre Leibniz et Spinoza figure parmi les plus riches de l'histoire de la philosophie. Depuis le début du xviiie siècle, elle a retenu l'attention de nombreux philosophes tels que Wolff, Mendelssohn, Schelling, Cassirer et Russell. Basé sur les avancées les plus récentes en matière d'édition, Leibniz lecteur de Spinoza propose une nouvelle interprétation globale de cette rencontre philosophique à partir d'une méthodologie à la fois comparative et génétique. L'ouvrage reconstruit la confrontation des philosophes sur des questions de théologie et de politique : l'interprétation des miracles, la nature de la vraie religion, les fondements du droit naturel, le jus circa sacra, les principes d'exégèse biblique. Il suit pas à pas l'évolution de la réception leibnizienne de la métaphysique de Spinoza, de la bienveillance réfléchie dont témoignent les fragments du De summa rerum de 1675-1676 à l'opposition décisive qui se met en place dans les commentaires critiques sur l'Éthique, rédigés en 1678. Il explore enfin une série d'interprétations comparatives de la philosophie spinozienne que Leibniz propose à partir de 1679, notamment par rapport au cartésianisme, au cabalisme et au scepticisme.
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De shylock À samson ; juifs et judaisme en angleterre au temps de shakespeare et milton
Lionel Ifrah
- Honore Champion
- Pages D'archives
- 16 Décembre 1999
- 9782745301604
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La question de la liberté chez Descartes ; libre arbitre, liberté et indifférence
Hélène Bouchilloux
- Honore Champion
- Travaux De Philosophie
- 26 Septembre 2013
- 9782745326966
Réimpression de l`édition de 2003.
Il n`existe à ce jour, du moins dans les études cartésiennes en langue française, aucun livre totalement consacré à la question de la liberté ou consacré à la question de la liberté en sa totalité. Or on peut considérer que la question de la liberté est pourtant la question fondamentale de la métaphysique de Descartes, plus fondamentale encore que la question de la science, puisque la véracité divine sur laquelle repose la science ne se substitue à l`hypothèse de la tromperie divine que parce que la volonté humaine découvre d`abord, par la démarche du doute, qu`elle est la faculté de résister à toute tromperie et de ne faillir jamais, en dépit de sa faillibilité naturelle, que par sa propre négligence.
Contrairement à ce que soutient un certain nombre de lecteurs et de commentateurs de Descartes, celui-ci n`a jamais changé de sentiment, ni sur la liberté humaine dont la doctrine s`élabore de 1641 (4e Méditation) à 1645 (lettre à Mesland du 9 février), ni sur la liberté divine dont la doctrine s`élabore de 1630 (correspondance avec Mersenne sur la création des vérités éternelles) à 1648 (Entret ien avec Burman), ni sur leur articulation, la liberté de l`homme ne répondant à la liberté de Dieu que sur la base d`une opposition essentielle. La notion de libre arbitre, appréhendée en sa technicité, s`avère le pivot de cette opposition. Aussi la traversée des textes est-elle inséparable d`un rigoureux travail de conceptualisation: il faut définir de manière progressive - autre ment dit construire - les notions d`arbitre, de libre arbitre, de liberté, d`indifférence, pour voir comment les textes se complètent sans jamais se renier.
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Buffon : histoire naturelle et philosophie
Thierry Hoquet
- Honore Champion
- Les Dix-huitiemes Siecles
- 13 Décembre 2005
- 9782745312464
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Benjamin constant ; les principes et l'histoire
Emeric Travers
- Honore Champion
- Travaux Et Recherches Institut Constant
- 13 Décembre 2005
- 9782745314079
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" Nous ne naissons pas moines, mais nous naissons citoyens " s'écrie Chénier, au moment de la Révolution, cité par Pierre Larousse. Aborder " le citoyen " par les diverses entrées du dictionnaire, du XVIe siècle à nos jours, c'est en vérité explorer la signification du politique à la lumière du langage, du symbolique et du culturel, alors que nombreux sont les spécialistes de la science politique qui stigmatisent, à notre époque, sa perte de sens. C'est la fameuse " crise du politique " ressentie par nos concitoyens et qui se comprend aisément si l'on sait que " le citoyen " est d'abord l'homme du symbole, du signe, de la différence. Aristote avait déjà donné une définition de l'homme, qui reste d'une grande actualité, à la fois comme " animal politique " et " animal parlant ".
La perspective langagière permet d'aborder l'évolution conceptuelle de la notion de citoyen de la Renaissance jusqu'à nos jours. C'est aussi l'occasion de découvrir ou redécouvrir des formules oubliées, par exemple la citoyennerie, le roi-citoyen, le ministre-citoyen, le soldat-citoyen, la mère citoyenne, la muse citoyenne, ou encore le citoyen complet ou incomplet, de plein droit ou honoraire, restreint, de France ou de Paris. Sans oublier le citoyen désignant l'animal attaché à un lieu : " Comme ils sont dodus et gras, Ces bons citoyens du Maine ", s'exclame Béranger pour désigner quelques poissons et grenouilles...
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" Maman téton est fâchée ", lit-on en 1680, chez Richelet, en guise d'illustration pour une formule chère aux enfants d'alors désignant ainsi leur nourrice. " Mère : Celle qui a mis au monde quelque enfant. L'animal femelle qui a fait des petits ", rappelle par ailleurs l'Académie en 1694, en l'assortissant de l'exemple " Bonne mère, mauvaise mère ". À Furetière de souligner combien la " mère adoptive " est aussi profondément maman, mais attention, ajoute-t-il à l'adresse de toutes les mères : " l'amour maternel est grand, mais il n'est pas toujours sage " ! D'où le rappel d'Élisabeth Badinter qui préface cet ouvrage et insiste : l'amour maternel est un sentiment humain et " comme tout sentiment, il est incertain, fragile et imparfait ".
On n'en comprend que mieux la Fête des mères, de célébration nationale récente, mais bénéficiant de très lointaines origines, telles que les Matronalia romaines. Parcourir plus de cinq siècles avec force témoignages et expressions (doux comme la tête de sa mère), proverbes (les oisons veulent mener paître leur mère) et formules (Mère aux chats, à poux, des cailles, Mère Garuche, Ancelle, lyonnaise, Poularde, Denis, etc.), tel est le voyage ici proposé dans l'histoire et au coeur de la langue. Quant à l'Édit des mères, l'index vous en indiquera la page d'explication...
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Entre foi et raison : l'autorité ; études pascaliennes
Tetsuya Shiokawa
- Honore Champion
- Lumiere Classique
- 27 Août 2012
- 9782745324153
Les textes de Pascal, à commencer par les Pensées, malgré une très longue histoire de recherche à leur consacrer, comportent encore des zones d'ombres qui attendent un nouvel éclairage. Chacune des études contenues dans ce recueil s'attaque à des problèmes précis et ponctuels que suscite son oeuvre, qu'il s'agisse du commentaire des fragments des Pensées, comme " le nez de Cléopâtre " ou le " pari ", soit de l'explication de la terminologie pascalienne et de son corrélat conceptuel tels que " pensée ", " imagination " ou notamment " foi " et " autorité ". Ce faisant, l'ouvrage se propose de contribuer à l'éclaircissement de deux problèmes majeurs des études pascaliennes : d'un côté, stratégie et limites de l'Apologie de la religion chrétienne, de l'autre, gnoséologie et politique de la foi qui étaient l'enjeu des dernières Provinciales. Il apparaîtra, au bout du parcours, que l'autorité servait à Pascal de notion clé dans les domaines les plus divers de ses réflexions et dessine ainsi le contour et l'organisation de l'ouvrage.
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Épicurisme et augustinisme dans la pensée de Pierre Bayle ; une affinité paradoxale
Elodie Argaud
- Honore Champion
- La Vie Des Huguenots
- 23 Mai 2019
- 9782745350473
Le point de départ de cet ouvrage tient à un étonnement : que signifie, sous la plume de Bayle, l'adjectif « épicurien », lorsqu'il se trouve appliqué, tour à tour, à des penseurs aussi différents que Pascal ou Malebranche ? Comment comprendre que l'augustinisme extrême puisse rejoindre, aux yeux de Bayle, l'épicurisme ? La critique méconnaît le plus souvent la portée de ces remarques de Bayle, en les considérant comme superficielles, soit que Bayle mésentendrait le sens des différents systèmes de pensée, soit qu'il chercherait, une fois n'est pas coutume, l'objection pour l'objection, la pars destruens de la raison, derrière un sourire ironique affiché et retenu par notre tradition scolaire. Notre parti est tout au contraire de prendre au sérieux la pratique de l'« application » à laquelle Bayle se livre - et qu'il théorise par ailleurs comme un acte d'interprétation des textes : si l'affinité entre épicurisme et augustinisme répugne à nos classifications historiographiques, force est de constater pourtant qu'elle fait bien sens au sein de la République des Lettres. Cette affinité repose sur la notion de plaisir, dont Bayle montre qu'elle est au coeur des anthropologies augustinienne et épicurienne. Il en décline tour à tour les conséquences morale, théologique, spirituelle, politique et épistémologique, jusqu'à récrire ce que l'on peut considérer comme un dialogue entre Augustin et Épicure, dialogue qui n'a pas été véritablement institué à ses yeux. Il en résulte que les idées d'Épicure lui paraissent beaucoup plus « proportionnées » à l'état de l'homme tel qu'il est.