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62 produits trouvés
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La méthode de la scène
Jacques Rancière, Adnen Jdey
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 17 Mai 2018
- 9782355261848
« Scène ». Il n'est pas exagéré de dire qu'aucune catégorie n'est davantage associée à la philosophie de Jacques Rancière. L'impulsion fondamentale de son travail, depuis ses folles nuits prolétaires, a toujours été d'interroger la manière dont les partages de la pensée reconduisent, sous la distribution des corps en communauté, une division entre ceux à qui le logos est reconnu et ceux à qui il est nié. Et si le travail du partage ne pouvait s'identifier comme l'objet de la pensée sans être en même temps la mise en oeuvre de sa méthode ? L'un des aspects les plus saillants de ce rapport très étroit entre objet et méthode, dans la philosophie de Jacques Rancière, est le rôle qu'y joue la « mise en scène ». Contre la hiérarchie des niveaux de réalité et des régimes de discursivité, la méthode de la scène se dote en effet d'une double valeur. Polémique, elle construit une différence dans un champ d'expérience ; et assertative, elle trace une transversale aux frontières des savoirs ainsi qu'aux contextualisations historiques. Induite ou construite, identifiée ou en puissance sous d'autres scénarios, la scène permet de mettre au jour ce qui travaille l'identité contrariée des productions de l'art et des fictions politiques. Ce que la méthode de la scène dit en creux de cette logique du dissensus, c'est la possibilité de constituer une puissance subjective qui renvoie à la condition politique de l'égalité.
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La pensée dispersée ; figures de l'exil juif
Enzo Traverso
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 18 Janvier 2019
- 9782355261916
Hannah Arendt, Siegfried Kracauer, Walter Benjamin, Hermann Broch, Theodor W. Adorno...
Ces grands penseurs judéo-allemands ont pour point commun d'avoir dû fuir leur pays après l'accession au pouvoir de Hitler en 1933.
Dès lors, c'est seuls, errants, étrangers, apatrides, que ceux qui ont survécu à cette fuite ont produit quelques-unes de leurs oeuvres majeures. Quelle influence l'exil a-t-il eue sur celles-ci, quelle place leur pensée a-t-elle prise dans leur pays d'accueil ?
Enzo Traverso traite de cette rupture tragique au travers de leurs oeuvres d'exil et des correspondances échangées avec les amis éloignés.
OEuvres et correspondances où les questions de la non-appartenance nationale et du « monde perdu » sont abordées en tant que questions non pas seulement existentielles, mais surtout intellectuelles Publié une première fois en 2004, La Pensée dispersée reparaît ici considérablement augmenté de deux textes, pour l'un sur Kracauer, pour l'autre sur Adorno ; et d'une très longue étude sur l'exil des intellectuels juifs italiens.
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« [.] il est nécessaire à la vie de se tenir à hauteur de la mort », écrit Bataille dans La Limite de l'utile.
Commandement où se lit certes l'influence persistante de Hegel sur lui et le projet d'une histoire universelle qui portera bientôt le titre de La Part maudite ; commandement que Bataille déshégélianise cependant aussitôt en apportant cette précision : « Une communauté ne peut durer qu'au degré d'intensité de la mort, elle se décompose dès qu'elle manque à la grandeur particulière au danger. » Par quoi l'on voit que la question, dès lors, n'est pas pour lui qu'ontologique, mais sociologique aussi, et économique.
Certainement, l'une des singularités les plus grandes de son génie se mesure-t-elle au fait d'avoir su, durant les mêmes années du début de la guerre, mener de front l'écriture de L'Expérience intérieure et du Coupable, livres d'une expérience authentiquement intérieure, et celle de La Limite de l'utile, où l'expérience qui est entreprise est celle de l'universalité des formes de l'histoire.
Première version abandonnée de La Part maudite, La Limite de l'utile est aussi la seconde de « La Notion de dépense », écrit dix ans plus tôt. Mathilde Girard, qui postface cette édition, a raison d'y insister : il faut ne pas davantage séparer entre les textes qu'entre les expériences, il faut au contraire associer La Part maudite et La Limite de l'utile à L'Expérience intérieure, au Coupable, à la Méthode de méditation, rédigés dans les mêmes années. Ne pas les séparer pour mesurer que la recherche qui les soutient veut être menée par un fou, un saint (c'est ainsi que Bataille entend s'emparer des conclusions de la science). La proposition de l'économie générale est impossible mais elle est seule à pouvoir soutenir l'expérience d'une connaissance liée à la perte de sens. La Limite de l'utile serait ainsi la version souveraine de La Part maudite - son revers, son ombre. Les arguments sont là, la généalogie de la gloire, de sa déchéance, mais comme portés par rien - rendus inutiles exactement.
À cet endroit, cette « version abandonnée » de La Part maudite fait ressusciter un appel, une exigence, qui sont autant ceux d'une économie qui ne mépriserait pas la vie (jusque dans la mort), que d'une pensée qui contredit la promesse de toute consolation dans la spéculation capitaliste. Se soustraire à l'utilité - des activités, de la pensée - est un processus infini que commande une écriture infinie qui attend d'être communiquée.
Mathilde Girard : « À quoi reconnaît-on aujourd'hui une conduite glorieuse - une conduite glorieuse humainement, c'est-à-dire qui n'attendrait ni de l'au-delà ni de l'argent les bénéfices de sa dépense ? Cela se peut-il encore que des êtres, des groupes ou des communautés s'entendent à ne rien vouloir gagner - à pouvoir perdre ?
Avec la «notion de dépense», Georges Bataille nous parle de quelque chose qui n'a peut-être jamais existé et qui s'éloigne toujours davantage de l'horizon de notre économie. Ce n'est pas que le capitalisme ne sache pas gaspiller et détruire, c'est qu'il a depuis longtemps dépassé ses capacités réelles - il les a même troquées pour une activité imaginaire (une spéculation) qui a le pouvoir de faire apparaître de nouveaux territoires à coloniser. Il se passe de nous.
Ce qui brille, alors, et qui nous attire, qu'est-ce que c'est ?
Bataille répondra : ce n'est rien. »
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Pourquoi la guerre aujourd'hui ?
Jean Baudrillard, Jacques Derrida
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 8 Avril 2015
- 9782355261435
Début 2003, un impressionnant dispositif de guerre a pris position dans le Golfe. On soupçonne le dirigeant de l'Irak, Saddam Hussein, de disposer d'armes de destruction massive et de s'apprêter à en faire usage contre les États-Unis d'Amérique. On lui prête même, contre toute évidence, des liens étroits avec Oussama Ben Laden, le commanditaire présumé des attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington. Le président des États-Unis, George W. Bush, dont l'élection avait été contestée en l'an 2000, réunit autour de lui une équipe de « néo-conservateurs » qui, de longue date et bien avant qu'elle soit au pouvoir, n'a pas caché sa volonté de rompre avec toute politique de containment (retenue), préconisée par le précédent gouvernement, pour s'en prendre de manière radicale aux États qu'elle considérait comme des « États voyous » (Rogue States).
Bien que la commission d'enquête des Nations Unies ne parvienne pas à trouver trace en Irak d'armes chimiques, biologiques ou nucléaires, le département d'État américain s'évertue à tenter de convaincre, aussi bien le peuple que les représentants des États membres des Nations Unies, du réel danger que représente l'Irak. Plus encore que d'avoir percé le bouclier de son invulnérabilité, avec l'effondrement des tours jumelles, le 11 septembre lui laisse entrevoir le spectre, bien pire encore, d'un attentat bactériologique ou nucléaire.
C'est dans ce même mois, le 19 février 2003, alors que s'intensifient les préparatifs de guerre, que René Major et l'Institut des hautes études en psychanalyse ont l'idée d'organiser cette rencontre publique inédite (il faut y insister), et hélas unique (Jaques Derrida décédera l'année suivante), de deux des plus grands intellectuels français (sans doute des deux intellectuels français les plus connus à l'étranger), pour débattre de la situation. Débat intense, où chacun confronte ses analyses, moins à son interlocuteur qu'à la situation, teste leur validité théorique (qu'est-ce qu'un événement ?
Qu'est-ce qui résiste du réel quand le virtuel lui dispute l'hégémonie de la représentation ?
Qu'y entre de l'inconscient ? Quelle autorité a encore le droit, même international ?, etc.) René Major, qui alimente brillamment ce dialogue, présente et conclue, longuement, en 2014, cet échange que leurs auteurs s'étaient accordé à publier.
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L'une des oeuvres maîtresses de la critique communiste, écrite au sortir du parti par celui qui, associé à Blanchot, Antelme et Duras, mènera de 1955 à 1970 les actions intellectuelles-politiques les plus marquantes (le « Manifeste des 121 », entre autres).
Publié en 1953 chez Gallimard, Le Communisme n'a jamais été réimprimé, et est introuvable depuis.
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La tradition allemande dans la philosophie
Alain Badiou, Jean-Luc Nancy
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 11 Septembre 2017
- 9782355261749
Y a-t-il une philosophie allemande ? Ou y a-t-il des moments de la philosophie, tantôt française, tantôt allemande, tantôt même française et allemande ? Le xviie constituerait le moment français, le xixe le moment allemand ; et le xxe, le moment franco-allemand - selon Badiou du moins. Nancy pense plutôt que la philosophie allemande a cessé au xxe siècle avec l'exil de ses plus éminents représentants : « ou bien ils ont émigré, ou bien ils ont quasiment tous fait silence quand ils n'ont pas suivi le régime ; un seul [Heidegger] est devenu «archifasciste» » Les grands philosophes allemands sont amplement évoqués, de Kant à Adorno ; Kant, le premier, qui occupe une part non négligeable du dialogue, qui n'est d'ailleurs pas le même pour Badiou et Nancy, que Badiou, dit-il, admire mais n'aime pas, que Nancy, qui lui a consacré sa thèse, lit avec une mansuétude et un intérêt beaucoup plus grands.
Hegel ensuite, que l'un comme l'autre tiennent pour essentiel, quoiqu'ils ne le lisent pas pareillement (leçon qui vaut pour la lecture que chacun fait en général des grandes oeuvres de la philosophie) ; que Nancy lit pour elle-même (dans le texte) mais aussi à la lumière des innombrables interprétations que cette oeuvre a suscitées (de l'histoire de sa réception) ;
Qu'au contraire Badiou lit en quelque sorte à la lettre, « naïvement » dit-il lui-même, comme il dit lire toutes les grandes oeuvres. Question de contemporanéité :
L'un voulant rester leur contemporain, l'autre voulant l'être et d'elles et de ce qui est né d'elles. Nancy :
« [...] nous ne pouvons pas nous rapporter à eux comme à nos contemporains. Nous sommes forcément après, nous les relisons [...] » ; Badiou : « [...] tu dis : les interprétations successives modifient tout ça. Eh bien non, ça ne modifie pas les assertions explicites des philosophes quant à ce qu'est réellement leur projet. »
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Le sens de cet ouvrage de philosophie fort singulier se déploie dans l'exercice de la chasse à l'arc. Aussi, très vite, la pensée dont il est question est celle à la fois du fait de devoir tuer pour manger et celle de savoir qui tue qui étant donné l'expérience particulière de la chasse à l'arc. Pourtant cette expérience est celle de l'homme qui nous a précédés.
Elle implique une confusion, une sorte d'osmose entre la proie et le chasseur dont la trace dans les civilisations contemporaines n'a pas totalement disparu.
Inversement, cette expérience implique un rapport de fraternité avec la matière du monde (avec la « chair » des êtres du monde) qui ne permet pas de penser le rapport aux animaux ni à la prédation en général de la même façon que celle que nous connaissons et qui élargit notre sensation d'appartenance au vivant et à l'humain d'une manière considérable. Non seulement les notions de bien et de mal n'y sont plus les mêmes, mais l'éthique qui règle les rapports entre les êtres ne se fonde pas sur les mêmes assurances.
Venant comme en prolongement de cette osmose dans le rapport de vie et de mort pour la nutrition, la chasse à l'arc, du fait de la courte portée des flèches, implique un rapprochement maximal avec les proies.
Cela signifie d'une part une connaissance approfondie et presque intime des animaux mais aussi une faculté commune à une très grande partie des êtres vivants qui prend tout son sens ici pour le chasseur : celle du camouflage, du brouillage des apparences, de la discrétion absolue de soi. Jusqu'à ne plus exister que comme un animal, précisément.
Se camoufler, ce n'est pas se cacher, c'est jouer avec les perceptions de l'autre, c'est troubler ses habitudes, introduire de l'incongru dans sa connaissance, souvent très étendue, de l'homme comme prédateur. Alors, l'expérience de l'arc devient une expérience décisive qui ne permet plus de retour en arrière et ne peut plus se contenter de faux-fuyants.
Ici commence une forme de réflexion sur les questions qui agitent notre époque et qui, c'est le sens de cette soirée de présentation et de discussion, ouvre sur trois questions essentielles :
- celle de la morale que l'homme voudrait s'imposer vis-à-vis de la Terre et vis-à-vis de l'environnement, - celle de la propriété comme règle générale de l'existence des hommes sur Terre et des droits et devoirs qu'elle implique, - celle du pouvoir comme forme de mise en suspens de la guerre de tous contre tous, mais avant tout comme émanation de la guerre et évocation constante de la guerre.
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Presque inconnues, ces « adresses » de Georges Bataille à André Breton sous forme de « Lettres ouvertes à des camarades » marquent l'apogée de la très violente altercation des deux hommes au tournant des années trente. Le motif : Sade, et l'usage qu'on en fait. Un usage de fou, selon Breton parlant de Bataille ; d'hypocrite, selon Bataille parlant de Breton. Ceci cependant en résulte qui identifie exemplairement Bataille : c'est dans ces textes qu'apparaît et se constitue le concept d' « hétérologie ».
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L'oeuvre théorique de Jean-Paul Curnier est la mieux connue, parmi les plus singulières, et les plus remarquables. Pensée et écrite par une sorte d'Alceste politique, dont il ne suffit pas de dire qu'il n'a pas fait tout ce qu'il fallait pour qu'elle soit plus connue, dont il faut au contraire dire qu'il a beaucoup fait pour qu'elle le soit moins, en tout cas pas de n'importe qui, de peur de ressembler à tous ceux qui se font trop connaître pour de mauvaises raisons. On dira en langage d'époque que Jean-Paul Curnier fut un « radicalchic », quand il faudrait dire qu'il était simplement mais impérieusement jaloux de sa liberté, laquelle ne se négociait pas. Incompromis, « incompromissible » si le mot existait (mais il n'existerait que si la chose elle-même existait).
On connaît moins son oeuvre littéraire. Du moins n'en a-t-on rien pu lire depuis l'admirable - et admiré - Peine perdue (éditions Léo Scheer, 2002). Un fort volume (350 pages) où il était enfin rendu possible de la découvrir. Une tout autre oeuvre, qui nous a découvert un tout autre auteur, peut-être, même aux meilleurs de ses amis, un tout autre homme (mais non, le même, mais intime). Rien là de sa tonitruance politique : à l'opposé, des mélodies douces-amères, des variations infimes mais infinies sur la peine de vivre, sur le malentendu d'amour, sur les mécomptes de soi, amusés et pas même amers, sur le rien qu'on ne sait pas comment fuir, mais qu'on ne fuit pas sans risque, parce que la déception est inhérente à toute fuite, et parce que le malentendu alors n'en est que plus épais. Tout y est d'un humour modeste et triste, léger et incrédule, sans reproche aucun, sans plainte non plus - délicat à l'extrême. La vie est comme on dit : le fait est, dont il faut rire. Rire (d'un rire léger) du fait qu'il faille être deux dans l'amour et qu'il y en ait toujours un de trop : soit qu'il n'y trouve pas sa place soit que l'autre ne la lui reconnaît pas. Rire de ce qu'il n'arrive rien (constante de cette mélodie) ou que ce qui arrive soit arrivé pour rien (sinon pour se retrouver vite un peu plus seul). Et que ce que retrouve alors celui qui est plus seul qu'avant, ce n'est pas lui, ou lui seul, mais lui en pire. Rire de ce que chacun soit deux, deux au moins, ce qui complique tout de même considérablement l'équation amoureuse.
Heureusement, écrit-il, mais est-ce que ça suffit à rendre « heureux » : « Rien n'arrive ! Et ça arrive souvent ! » Et s'il arrive tout de même quelque chose, qui sait par quelle mégarde, « Ce qui arrive/ est nécessairement rien du point de vue du futur,/ car rien ne saurait mettre fin au rien/ sans à son tour être promis à rien.// Vu de cette façon,/ ce qui arrive peut être regardé avec un grand soulagement. » Si rien n'arrive, partir serait la solution (autre constante de ce livre). Sauf que tout départ avorte, parce que tout départ, par le fait, est un faux départ (« Le faux départ est faux partout, parce que sans être parti/ on voudrait surtout ne pas avoir à être là/ et c'est un faux rester. »).
Par-dessus tête est constitué de tous les textes « littéraires » introuvables de Jean-Paul Curnier (parus si confidentiellement) ou inédits. De deux longs récits, (« Ici et ailleurs » et « La vie recommencée »), des sortes de nouvelles, et de... quels noms leur donner ?
Des chansons ou des poèmes de la vie ordinaire, (« L'extrême ordinaire » est le titre de l'un d'eux - sous-titre programmatif : « De l'incommunicabilité heureuse ») où ce qui se passe ne se passe pas dans un faste d'opéra, mais plutôt entre supérette et cafétéria.
Lieux des vies où (presque) rien n'arrive.
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Paru en 1963 dans la revue Critique, une année après la mort de Georges Bataille, ce texte d'hommage du jeune Michel Foucault inaugure la postérité de Georges Bataille en tant que philosophe.
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L'explication
Alain Badiou, Alain Finkielkraut, Aude Lancelin
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 22 Mai 2010
- 9782355260520
Les deux « adversaires » ici en présence témoignent, dans le débat d'idées, de deux visions irréconciliables. Tout, dans leurs prises de positions respectives, les sépare : Alain Badiou comme penseur d'un communisme renouvelé ; Alain Finkielkraut comme observateur désolé de la perte des valeurs. La conversation passionnée qui a résulté de leur face-à-face - organisé à l'initiative de Aude Lancelin - prend souvent la tournure très vive d'une « explication », aussi bien à propos du débat sur l'identité nationale, du judaïsme et d'Israël, de Mai 68, que du retour en grâce de l'idée du communisme. Mais le présent volume ne se réduit pas à la somme de leurs désaccords. Car ni l'un ni l'autre ne se satisfont, en définitive, de l'état de notre société ni de la direction que ses représentants politiques s'obstinent à lui faire prendre. Si leurs voix fortes et distinctes adoptent, un moment, une tonalité presque semblable, c'est sur ce seul point.
Ce face à face exceptionnel rend saillantes les principales lignes de fracture de la politique et de la pensée française, que le jeu politico-médiatique n'expose le plus souvent que pour les brouiller un peu plus. C'est ici le double sens du titre « L'Explication » : une vive conversation où s'opposent des points de vue éloignés ou irréconciliables, en même temps qu'un effort commun de clarification.
Alain Badiou et Alain Finkiekraut incarnent deux visions politiques et théoriques diamétralement opposées. Leurs rencontres, intervenues à l'invitation d'Aude Lancelin pour le Nouvel Observateur puis pour préparer le présent volume, portèrent en premier lieu sur la décision du gouvernement de faire une nouvelle fois de « l'identité nationale » un thème de campagne (décision portée par Éric Besson qui donna lieu, comme on le sait, à des rencontres organisées dans les préfectures à la fin de l'année 2009 et au début de l'année 2010). Au sujet de l'identité, Alain Finkielkraut appartient au camp de ceux qui considèrent que la France ferait face à une crise profonde, qui prendrait la forme, selon lui, d'une « exécration [...] de la France dans une fraction non négligeable des nouvelles populations françaises », ajoutant préventivement : « Il faut vivre à l'abri du réel pour considérer que cette francophobie militante est une réponse au racisme d'État ou à la stigmatisation de l'étranger. » Pour Alain Badiou c'est bien au contraire la captation par le gouvernement, d'un débat sur « l'identité nationale » qui inquiète. Il y voit l'application d'une politique injustifiable, nauséabonde, qui validerait la dénomination de « pétainisme transcendantal » utilisée par lui dans dès 2007 dans son ouvrage De Quoi Sarkozy est-il le nom ? pour qualifier la politique de Nicolas Sarkozy. Car, affirme-t-il aujourd'hui, « une discussion organisée par le gouvernement sur 'l'identité française' ne peut qu'être la recherche de critère administratifs sur 'qui est un bon Français qui ne l'est pas' ».
La suite de leur conversation met en évidence le fait que le référent identitaire, même lorsqu'il est éloigné de la question circonstancielle de ce fameux « débat national » (qui a depuis fait long feu) continue d'opposer vivement les deux adversaires. Cela, sur chacune des autres thématiques politiques abordées dans le volume : Mai 68 ; le judaïsme et Israël ; l'idée du communisme. La réflexion d'Alain Finkielkraut s'organise en effet autour de sa fidélité affichée à une appartenance singulière transmise par l'héritage culturel ou par l'École républicaine (une identité unifiée, fondée sur la perpétuation de référents traditionnels et le respect d'un certain nombre de symboles qui seraient aujourd'hui bafoués : le drapeau, l'hymne national, l'autorité professale, etc.). À cette conception qu'il juge « étriquée », Alain Badiou oppose la conception suivante : l'identité (en supposant que l'on en accepte la catégorie) doit, selon lui, être immédiatement transmissible de façon universelle, résultant d'un choix personnel et surtout : maintenue à l'écart de l'État. En substance, la politique doit pouvoir se satisfaire d'identités multiples, et s'organiser indépendamment des frontières nationales. Quand Alain Finkielkraut s'emploie à déplorer « la perte des choses » (et donc à souhaiter le retour à un ordre ancien), mais aussi à s'affliger de « la dévastation de la terre, [du] progrès de la laideur, [de] la destruction de la faculté d'attention, [de] la disparition du silence, [et de] l'entrée dans l'âge technique de la liquéfaction de tout », Alain Badiou avance quant à lui la conception d'un monde ouvert où le phénomène nouveau serait que le « la prolétarisation générale du monde s'est étendue au-delà de notre continent [.] alors que le monde est aujourd'hui partout aux mains d'oligarchies financières et médiatiques extrêmement étroites qui imposent un modèle rigide de développement, qui font cela au prix de crises et de guerres incessantes. » Dans ce monde-là, affirme-t-il, « considérer que, le problème c'est de savoir si les filles doivent ou non se mettre un foulard sur la tête, paraît proprement extravagant. »
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Rêve diurne, station debout et utopie concrète
Ernst Bloch
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 18 Octobre 2016
- 9782355261626
En 1974, le grand philosophe Ernst Bloch (1885-1977), auteur du Principe espérance, se prête à un long entretien réalisé par José Marchand pour la télévision française (et qui ne sera jamais diffusé). Passionnant entretien, où le philosophe âgé de 89 ans revient dans le détail sur la vie qui fut la sienne.
Sur son enfance, longuement : milieu familial modeste, acculturé, ville natale ouvrière - Ludwigshafen : « ville laide, marquée par ce que le capitalisme moderne a de dur et d'impitoyable, et où vivait un prolétariat affamé, exploité, en haillons », dont le hasard veut qu'en face il y ait Mannheim, la ville de résidence du Palatinat. « D'un côté le lumpenprolétariat et de l'autre la bourgeoisie. » Sa pensée et sa politique s'enracinent dans ce paysage frontal là.
Sur la formation de sa pensée, ensuite.
Schopenhauer, pour commencer, essentiel ;
Schelling ensuite (« que probablement personne au monde ne connaît mieux que moi ») ; mais, simultanément, secrétaire du parti communiste de la RDA et président du Conseil d'État, en l'exhortant à « démissionner », « dans l'intérêt du peuple, de la démocratie et du socialisme », ce qui lui vaut d'être arrêté le lendemain. Le 13 août 1961, la nouvelle de la construction du mur de Berlin le décide à ne plus jamais retourner en RDA et à s'installer à Tübingen. En 1968, il salue avec enthousiasme le soulèvement du peuple tchèque. Ses oeuvres complètes, en 15 volumes, sont publiées de son vivant et sous son contrôle chez Suhrkamp.
Une erreur. Le Parti a formulé sa propagande dans un langage qui n'atteignait pas les couches sociales qu'il voulait atteindre. Il aurait fallu intégrer l'enivrement, le montage et l'expressionnisme dans le mouvement communiste. [...] Les nazis n'ont pas cessé de nous dépouiller ; ils tiraient le plus grand profit du fait que nous avions abandonné ces territoires de la grande tradition révolutionnaire, et n'en utilisions plus, au mieux, que les noms - par exemple : Spartacus. » Les livres aussi sont longuement évoqués et explicités. D'Héritage de ce temps (célébration de l'expressionnisme) à l'oeuvre maîtresse, Le Principe Espérance.
Et évoqué le dur travail sur le concept : de « matière », par exemple, et des paradoxes par lesquels il faut en passer selon lui - le paradoxe de l'idéalisme. De même sur le concept de « morale » dans le matérialisme. De même du « non-encore-conscient », et de son corollaire objectif-réel, le « non-encore-devenu », La biographie, dans cet entretien, n'est jamais distincte de l'analyse ; elles s'entremêlent. Ainsi, fin novembre 1956, Ernst Bloch interpelle personnellement Walter Ulbricht, le premier Bloch parle ensuite de ceux grâce auxquels cette formation s'est affinée : Georg Simmel, en tant que professeur, mais par qui il se lia d'amitié avec Lukács. Puis, plus tard, après 1918, et après avoir publié son premier livre, L'Esprit de l'utopie :
Benjamin, Kracauer, Adorno, Klemperer, Weill et Brecht, dont il fait autant de portraits vivants, et beaux. Benjamin : « [...] un peu bizarre, excentrique, mais son excentricité était extrêmement productive. » Adorno : « [...] ses yeux d'un noir très dense, étrangement privés d'arrière-fond, exprimaient la tristesse, d'une façon que je n'ai jamais vue chez aucun autre homme. » Brecht : « [...] il n'est ni quelqu'un qui dit oui, ni quelqu'un qui dit non, ni non plus quelqu'un qui dit peut-être », qui, s'il avait vécu plus longtemps « aurait ouvert la voie à une forme de connaissance très différente ». Les échanges intellectuels avec chacun sont minutieusement restitués ; les motifs d'affinités établis, et les raisons des brouilles éventuelles rendues sans procès, attribuées aux seules évolutions des oeuvres et de la vie de chacun (l'orthodoxisation de Lukács, le conservatisme final d'Adorno, par exemple).
Bloch s'attarde aussi, bien sûr, sur la politique ;
Sur les rapports du communisme au nazisme :
Ce que le Parti communiste a fait avant l'accession d'Hitler au pouvoir était juste et bon ; ce qu'il n'a pas fait, par contre, relève de l'erreur. Le fait qu'il n'ait pas remarqué l'enivrement et qu'il ne se soit pas inspiré du montage qui captive l'imagination était Luxemburg, Marx et Engels, premières lectures politiques. La lecture de Hegel surtout sera essentielle, à une époque où celui-ci « était considéré comme un chien galeux dans toutes les universités allemandes ».
Résumé de cette formation peu orthodoxe : « Les Mille et une nuits, Fidelio et la Phénoménologie de l'Esprit sont les oeuvres qui ont, dès mes années de jeunesse, exercé sur moi une influence décisive. »
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La Grèce est au coeur de ce livre, qui lui donne son titre. Tout s'y relit de ce qui a fait son histoire très récente, doublement exemplaire : exemplaire d'abord de la volonté des marchés financiers de lui imposer - jusqu'à la mise sous tutelle - leur politique ; exemplaire aussi des oppositions qu'une telle volonté peut partout soulever, mais n'a soulevées nulle part ailleurs mieux qu'en Grèce.
Exemplaire, la Grèce n'est donc pas seule présente dans ce livre. De sa situation, dit Badiou, « on peut assurément dire qu'elle cristallise plusieurs des contradictions fondamentales qui sont les nôtres, en Europe d'abord, sans doute, mais finalement dans le monde tel qu'il est, le monde livré à l'anarchie autoritaire du capitalisme ». C'est du capitalisme et de ses menées proprement impériales qu'il y est essentiellement question : en Grèce, c'est le point de départ, en Europe, avec et après elle ; en Afrique surtout. Menées de « désorganisation plutôt que de colonisation » auxquelles Badiou donne le nom de politiques de « zonage », qu'il définit ainsi : « pratiques impériales qui ne consistent pas à occuper des pays, à les coloniser, à en extraire tout ce qu'on peut en extraire et à se heurter ensuite éventuellement à des résistances nationales, à des luttes de libération nationales [...] mais à créer de zones où finalement les États sont affaiblis, où les territoires sont dépecés, où se créent des enclaves sous la juridiction d'armées privées ».
Pour encourageante qu'ait été la politique d'opposition des Grecs eux-mêmes à l'hégémonie des marchés financiers, et, après eux, de l'Europe qu'ils se sont assujettie, Badiou n'élude aucune de ses limites. Ainsi conduit-il une analyse acérée, sans concession, du spontanéisme des politiques mouvementistes, quelque sympathie qu'elles suscitent a priori, lesquelles, dit-il, « n'ont strictement aucun autre effet que de souder provisoirement le mouvement dans la faiblesse négative de ses affects ; [...] qui peuvent en effet obtenir un résultat, mais nullement construire la politique de ce résultat, comme on le voit aujourd'hui en Égypte comme en Tunisie ».
Il revient en effet à toute opposition actuelle, s'inspirant des politiques d'émancipation passées, et se réappropriant ce que Badiou a théorisé sous le titre de l'hypothèse communiste, de se constituer a minima suivant ce qu'il appelle ici des « maximes d'orientation » : l'idée égalitaire, le dépérissement de l'État et l'organisation d'un travail indivisé. La victoire de la gauche radicale grecque s'en estelle assez inspiré ? Pas, sans doute. Alain Badiou médite ainsi pour finir sur le destin intellectuel de l'alternance politique grecque.
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Entretien platonicien
Maria Kakogianni, Alain Badiou
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 18 Février 2015
- 9782355261404
Un dialogue entre le philosophe platonicien et une jeune doctorante, où sont abordées les thématiques chères à l'auteur des livres de la série « Circonstances » (Lignes) et d'une nouvelle traduction récente de La République de Platon (Fayard). Cet échange fait apparaître une problématique commune, celle de la recherche des « noms » possibles, actuels et futurs, nécessaires à un usage résolument politique de la philosophie.
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L'idée du communisme Tome 2 ; conférence de Berlin, 2010
Alain Badiou, Slavoj Zizek
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 14 Avril 2011
- 9782355260742
La conférence de Berlin organisée en mars 2010 s'est donnée pour objectif de prolonger celle de Londres (2009) en étudiant plus particulièrement le lien entre l'Idée du communisme et sa mise en pratique durant les décennies passées. Cela nécessitait une analyse des expériences des états socialistes et de leur échec cuisant. C'est à partir de leurs analyses respectives que les intervenants de plusieurs pays (et notamment des pays ex-soviétiques) étaient ici conviés pour proposer leur vision propre d'une nouvelle orientation émancipatrice, orientation définissable comme « communiste ».
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Durant trois années, Gilles Deleuze et Félix Guattari .ont travaillé ensemble pour concevoir l'un des livres phares des années 1970: L'Anti-OEdipe (Minuit, 1972).
Sur les modalités de cette association inédite, que Gilles Deleuze qualifiera plus tard de "groupuscule", les présents Ecrits apportent un éclairage décisif. Sont ici réunis, dans un agencement et une présentation de Stéphane Nadaud, les textes, fragments, notes et corrections de Félix Guattari relatifs à la préparation de L'Anti-OEdipe. Ils permettent de comprendre, de l'intérieur, le fonctionnement de "Deleuze-Guattari", cette extraordinaire machinerie théorique collective.
Grand format 30.00 €Indisponible
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La figure de la révolu suscite la méfiance. On lui préfère généralement celle de la révolution. Pour Pierandrea Amato, la révolte constitue au contraire le présupposé ultra-politique de toute politique véritable, car elle est ontologiquement inscrite en chacun. L'être ne peut en effet, selon lui, s'exprimer de meilleure manière que dans sa propension essentielle à la révolte : il est l'être-révoltant. En partie suscitée par les émeutes survenues dans les banlieues françaises en novembre 2005, la réflexion que mène ici Amato se donne pour ambition de " saisir ce qui fait la valeur d'une révolte à ce point extrême que les mots lui font défaut. "
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Inédit. Deux philosophes que tout semble séparer (l'âge, l'histoire, l'engagement) dialoguent. Raymond Aron vient de faire paraître Les Étapes de la pensée sociologique. C'est sur ce livre que devait porter l'entretien ici retranscrit pour la première fois. Or, c'est au contraire autour de celui que Michel Foucault vient de publier, Les Mots et les Choses, que s'organise la conversation.
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Le présent volume est l'archive d'une discussion mémorable.
Elle eut lieu au soir du 5 février 1988, dans le grand Amphithéâtre de l'université de Heidelberg réservé aux événements exceptionnels, qui réunit les philosophes Jacques Derrida, Hans-Georg Gadamer et Philippe Lacoue-Labarthe pour une conférence intitulée :
« Heidegger, portée philosophique et politique de sa pensée ».
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Politique de l'exil ; Giorgio Agamben et l'usage de la métaphysique
Anoush Ganjipour
- Nouvelles Lignes
- 15 Mars 2019
- 9782355261930
Avec son dernier volume, L'Usage des corps (2015), le projet métaphysique de Giorgio Agamben, Homo Sacer, se clôt. Ayant été au coeur du travail théorique d'Agamben depuis les années 1990, Homo Sacer constitue dans son ensemble l'essentiel de l'oeuvre d'Agamben, où celui-ci développe l'une des constructions théoriques les plus saisissantes dans la pensée européenne contemporaine. En sont la preuve les lectures ou usages multipliés des différents aspects de Homo sacer dans les domaines aussi variés que la théorie contemporaine de l'art, la critique littéraire, les sciences humaines, la philosophie ou encore la pensée politique. À cet égard, force est de constater que Homo sacer a fini par devenir l'une des références incontournables dans les débats qui animent actuellement chacun de ces domaines. Son succès interdisciplinaire relève surtout de la singularité du projet d'Agamben : d'une part, il traverse dans son développement plusieurs domaines ou champs du savoir et, de l'autre, il engage un dialogue constant avec les grandes figures de la pensée occidentale, figures aussi bien classiques que contemporaines.
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Fragments mecreants - mythes identitaires et republique imaginaire
Daniel Bensaïd
- Nouvelles Lignes
- 16 Janvier 2018
- 9782355261794
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L'Alleluiah ; catéchisme de dianus
Georges Bataille
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 9 Juillet 2012
- 9782355260988
Entre poème en prose et manuel d'érotologie, ce texte, écrit en 1944 pour la jeune femme que G. Bataille a rencontrée l'année précédente, compose une sorte de catéchèse érotique. Il affirme notamment la nécessité de maintenir le désir en l'état de la plus ardente intensité pour lui éviter de se muer en une joie plate et satisfaite.
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Les nouveaux espaces de liberté
Félix Guattari, Toni Negri
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 29 Octobre 2010
- 9782355260582
Il y a, dans Les Nouveaux espaces de liberté, livre rédigé à quatre mains au tout début des années 1980, une énergie rare qui contraste avec le recul de l'orientation révolutionnaire dans les années 1970. Ici, aucun recul - aucune « mort du politique », comme on disait beaucoup alors ; au contraire, une volonté d'affirmation réitérée et réorientée. Affirmation politique.
Texte suivi de : DES LIBERTÉS EN EUROPE, de Félix Guattari, de LETTRE ARCHÉOLOGIQUE, de Toni Negri et de la « POSTFACE » à l'édition américaine de 1990, de Toni Negri
Grand format 16.30 €Indisponible
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De quoi Sarkozy est-il le nom?
Alain Badiou
- Nouvelles Lignes
- Circonstances
- 27 Octobre 2007
- 9782355260032
Les détracteurs du « gouvernement Sarkozy » devront s'y résoudre : ce n'est pas plus dans l'examen de la personnalité de son « chef » que dans le compte des ralliements qu'il suscite qu'ils trouveront le moyen d'en précipiter la chute.
Le philosophe Alain Badiou pose que, face à la brutalité (historiquement inscrite et idéologiquement fondée) des lois actuelles, la gauche ne peut qu'assumer à son tour l'héritage de ses valeurs essentielles, celles que le gouvernement et ses amis se plaisent à désigner comme obsolètes, irresponsables, ou même dangereuses. Ce n'est qu'ainsi qu'une véritable politique d'émancipation pourra à nouveau émerger.